Cela aurait arrangé tout le monde qu'il y aille. Les écologistes se sont donc trouvés fort dépourvus, mardi soir, lorsqu'il a renoncé. Nicolas Hulot ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 2017. S'il s'est dit, dans un communiqué, "conscient de l'attente et de l'espoir que certains ont placés" en lui, celui qui avait déjà tenté de représenter les Verts en 2012, avant de perdre la primaire face à Éva Joly, se juge incapable "d'endosser l'habit de l'homme providentiel et présidentiel". "Je ne me sens ni suffisamment armé, ni suffisamment aguerri pour cela", a-t-il estimé.
Un "coup dur". De quoi doucher les espoirs de ceux qui voyaient en lui le meilleur candidat pour les écologistes. "Je respecte sa décision. Comme beaucoup, j'aurais aimé qu'elle soit autre", a écrit l'un de ses proches, Matthieu Orphelin, sur Twitter.
.@N_Hulot ne sera pas candidat en #2017. Je respecte sa décision. Comme beaucoup, j'aurais aimé qu'elle soit autre. pic.twitter.com/MlRg6wP82U
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) 5 juillet 2016
Pour Julien Bayou, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts, la candidature de l'ancien présentateur d'Ushuaïa aurait pu "agréger les énergies positives".
Hulot pas candidat. Pourtant le pays a plus que jamais besoin d'une candidature qui agrège les énergies positives. https://t.co/9KYXIt3fNZ
— Julien Bayou (@julienbayou) 5 juillet 2016
Noël Mamère parle, lui, de "coup dur". "Nous sommes nombreux à considérer que Nicolas est le mieux placé pour défendre notre projet de société", a expliqué le député de Gironde au micro d'Europe 1 mercredi.
Nouvelle occasion de se déchirer. La déception est d'autant plus cruelle pour certains que, privée d'une candidature de Hulot, Europe Ecologie-Les Verts va devoir dégainer un plan B. Car le parti, lors de son Congrès de juin, avait acté le principe d'une participation à la présidentielle 2017, sans passer par une primaire de la gauche. Il lui faut donc trouver un champion. Et le parti, connu pour ses querelles internes, est bien capable de trouver là une nouvelle occasion de se déchirer. "Les écologistes tournaient sans doute leur regard vers Nicolas Hulot en se disant que cela allait éviter les bagarres, car il faisait l'unanimité", confirme Noël Mamère. Plusieurs personnalités se sont déjà positionnées pour être candidates. Au premier rang desquelles, Cécile Duflot, qui s'est dit "prête" à y aller depuis plusieurs mois et prépare minutieusement sa campagne.
Plusieurs candidats en lice. L'eurodéputé Yannick Jadot, qui s'était rangé derrière Nicolas Hulot, avait aussi prévenu qu'il serait candidat si celui-ci renonçait. Dans une interview à Presse Océan, qui sera publiée jeudi, l'élu confirme qu'il envisage "de proposer ma candidature pour porter la parole écologique dans la campagne présidentielle". Noël Mamère avait confié au Monde, en mars, que "si Hulot n'est pas candidat, [il] pourrait envisager la possibilité de l'être". Quant à Michèle Rivasi, députée européenne, elle avait annoncé dès août 2015 qu'elle serait candidate à une primaire des Verts.
Primaire or not primaire ? Mais la question même de la primaire n'est pas tranchée chez EELV. Elle est réclamée par certains, comme la députée européenne Karima Delli, qui a jugé sur Twitter que ce scrutin interne "s'impose".
#2017 après le retrait de Nicolas #Hulot plus que jamais une primaire des #ecolos s'impose
— Karima Delli (@KarimaDelli) 5 juillet 2016
Invitée sur Sud Radio mercredi, la secrétaire nationale adjointe du parti, Sandrine Rousseau, penchait plutôt en faveur d'une "désignation des militants". "La primaire, c'est compliqué", a-t-elle justifié. Beaucoup craignent qu'un scrutin interne ne mine encore plus EELV, affaibli par les départs successifs d'élus et les défaites électorales.
Une campagne qui s'annonce compliquée. Sans compter que même si le parti parvenait à investir un candidat sans perdre de plumes, la campagne présidentielle s'annonce compliquée pour celui ou celle qui sera désigné(e). Cécile Duflot, pourtant la plus connue d'Europe Écologie-Les Verts, n'est créditée que de 3 à 3,5% des suffrages, selon un récent sondage Elabe pour Les Échos. Nicolas Hulot, lui, recueillait entre 9 et 11% des intentions de vote. "C'est accablant", reconnaît Noël Mamère, qui note néanmoins qu'il reste à Cécile Duflot "un an pour remonter la pente". Pour le maire de Bègles, les sondages restent moins inquiétants que la possibilité d'une guerre intestine. "Il faut que, collectivement, on s'applique à sortir de l'ornière. Qu'on essaie de montrer qu'on a retrouvé une certaine maturité politique."