Emmanuel Macron reçoit ce lundi 20 septembre, à l'Elysée, 300 membres d'associations de Harkis pour ouvrir "le chantier de la réparation". 1:43
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Joanna Chabas avec Jacques Serais, édité par Solène Delinger , modifié à
Emmanuel Macron reçoit ce lundi 20 septembre, à l'Elysée, 300 membres d'associations de Harkis pour ouvrir "le chantier de la réparation". Si les enfants de ces Algériens qui ont combattu pour l'armée française pendant la guerre d'indépendance espèrent des indemnisations financières, ils attendent surtout la reconnaissance des souffrances de leur famille. 
TÉMOIGNAGE

"Franchir un nouveau pas" dans la "reconnaissance du manquement qui a été fait aux Harkis". C'est la promesse faite par Emmanuel Macron, qui va recevoir, ce lundi 20 septembre, 300 membres d'associations de Harkis. L'objectif ? Ouvrir le "chantier de la réparation" tant attendu par les enfants de ces Algériens ayant combattu pour l'armée française pendant la guerre d'indépendance. Outre des indemnisations financières, ces derniers espèrent que les souffrances vécues par leur famille seront enfin reconnues. 

"Mon père a été torturé"

Yamina fait partie de ces enfants traumatisés par la guerre d'Algérie. Elle est née en 1958, quatre ans avant l’indépendance. Aujourd’hui, à 63 ans, elle est toujours marquée par des années de souffrances. Être fille de Harkis est un fardeau qu’elle a dû porter toute sa vie. "Mon père a été torturé par les Algériens", confie-t-elle au micro d'Europe 1. "Moi, j’ai vu les traces sur son corps. Ils lui ont enlevé la peau avec des tenailles. Vous croyez que je l'oublierai ça ? Jamais."

Yamina et sa famille se sont ensuite installés en France. "On était dans un camp", se souvient-elle. "On n’avait pas le droit de sortir, on devait rester à la maison tout le temps. Ça, c’était l’avant pourri. Après, on a eu les autres péripéties." Insultes, racisme... La guerre d'Algérie a beau s'être achevée il y a près de soixante ans, Yamina, elle, n'a jamais goûté à l'apaisement qu'elle cherchait en France. "Nous sommes une cible permanente. Des Français qui nous voient comme des Arabes et de l'autre côté des Algériens qui nous traitent de 'sales Harkis'. C’est devenu une insulte... Nous sommes devenus une insulte". 

Vers une reconnaissance du "manquement" de l'Etat ?

Il y a cinq ans, François Hollande avait reconnu "les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des Harkis". Aujourd'hui, le président Emmanuel Macron veut aller plus loin et devrait notamment parler de "manquement" de la part de l'État. La revalorisation des pensions de ces anciens combattants, notamment, est sur la table.

Yamina aimerait que sa famille soit indemnisée pour tous les biens qu’ils ont perdus mais elle a surtout besoin de reconnaissance de la part de l'Etat français. Elle attend beaucoup d'Emmanuel Macron. "Je veux qu'on parle de tout ce que mes parents ont vécu", explique-t-elle. "Nous voulons être reconnus. Qu’on nous parle à nous, nous qui avons souffert, nous qui avons mal vécu… tout ce que j’attends c’est qu’on ne nous oublie pas !" Une reconnaissance que Yamina veut surtout pour ses enfants, pour qu'ils ne subissent pas, comme elle, le poids de cet héritage.

800.000 personnes... qui sont autant d'électeurs potentiels 

Pour rappel, l'armée française a recruté jusqu'à 150.000 Algériens comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie. À la fin de la guerre, 90.000 personnes ont été admises en France dans des conditions précaires, sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes ni leurs enfants. Les autres ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes, qui les considéraient comme des traîtres. 

Aujourd'hui, les Harkis et leurs descendants constituent une communauté d'environ 800.000 personnes. Autant d'électeurs, traditionnellement très à droite, qu'Emmanuel Macron aimerait bien convaincre alors que, le 18 mars prochain, à trois semaines du premier tour, seront commémorés les 60 ans des Accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie.