"Souhaitez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?" Pour ce troisième scrutin, un document de 100 pages détaillant les conséquences du Oui et du Non a été produit par l'État Français. Il a été rendu public en juillet dernier et distribué à tous les électeurs calédoniens. Si les loyalistes l'emportent de nouveau, l'archipel reste dans le giron de la France. Mais une page se tourne, peut-on lire dans ce document : "La volonté réitérée des électeurs de rester au sein de la République marquera le début d’un nouveau chapitre. Celui-ci reste à écrire entre l’État, les responsables calédoniens et le Parlement français. Dans cette nouvelle étape, certaines évolutions juridiques seront en effet indispensables."
L'indépendance, oui ou non ?
En cas de victoire du Oui, l’archipel deviendrait un nouvel État, la "Kanaky-Nouvelle-Calédonie". Le pays se prononcerait sur le choix de sa monnaie et aurait sa propre nationalité. Les transferts financiers qui s’élèvent à environ 1,5 milliard d’euros par an deviendraient caducs, et les relations financières entre la France et le nouveau pays relèveraient de l’aide au développement.
Un référendum boudé par les indépendantistes
Actuellement, il n'y a ni drapeaux, ni affiches indépendantistes dans les rues de Nouméa. Jusque dans les clips de campagne diffusés chaque jour à la télévision locale, le Non est la seule voix représentée. Les calédoniens n'ont reçu dans leur boîte aux lettres que les tracts pro-France. La vague de Covid-19 a tué 279 personnes depuis début septembre sur place, "dont plus de 70% de Kanaks" avance Marie-Pierre Goyetche, vice-présidente du parti travailliste, qu'elle représente au sein du Comité stratégique indépendantiste de non-participation. Dans ces conditions, impossible de faire campagne selon elle.
"Nous appelons à la non-participation, car l'État a décidé de maintenir la date du 12 décembre. Il aurait fallu que nous expliquions le document sur les conséquences du Oui et du Non. Il est à charge, contre le Oui. Mais aujourd'hui, tous les morts ont plongé le pays dans la douleur", regrette la dirigeante indépendantiste. "Le deuil fait partie de la culture kanak et océanienne. Aujourd'hui, on ne peut pas aller dans ces familles endeuillées. L'État n'a pas voulu considérer cela. C'est un mépris envers la population kanak."
Les indépendantistes continuent de demander le report du scrutin en 2022. Ils ont prévenu qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat du vote du 12 décembre et le contesteraient devant les Nations unies. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avait prévenu que seule une situation sanitaire hors de contrôle pourrait justifier un report du troisième référendum. L'épidémie est depuis plusieurs semaines en recul, même si la circulation du virus reste active, avec un taux d'incidence d’environ 50 cas pour 100.000 habitants. Le camp loyaliste continue de faire campagne, en misant sur le numérique et des réunions à 30 personnes maximum.
2.000 gendarmes et policiers en renfort
Dimanche, le vote se déroulera sous haute surveillance. Comme lors des deux premiers référendums en 2018 et 2020, remportés par les partisans du maintien au sein de la République française, une commission de contrôle composée de cinq magistrats et 260 délégués vient s’assurer de la régularité et de la sincérité du scrutin. 15 experts de l'ONU ont également atterri en Nouvelle-Calédonie.
Enfin, 2.000 gendarmes et policiers sont arrivés en renfort, pour assurer la sécurité autour du référendum, et se préparer à d'éventuels débordements liés au vote et aux résultats.