Voitures dégradées, magasins brûlés, affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre... Depuis une semaine, la Nouvelle-Calédonie s'embrase. Le territoire situé à 17.000 kilomètres de Paris fait face à de graves émeutes, une première depuis plus de 35 ans. En cause : le dégel du corps électoral pour les élections provinciales locales. Actuellement, un habitant sur cinq de l'achipel ne peut pas voter à ces élections. Pour pouvoir y être inscrit, il fallait être présent sur l'île depuis au moins 10 ans, lors des accords de Nouméa en 1998. Les descendants des électeurs inscrits sur les listes peuvent également voter aux élections provinciales destinées à élire les représentants des Assemblées locales et du congrès calédonien.
Invité ce lundi matin sur le plateau de La Grande interview Europe 1-CNews, Alain Bauer se montre particulièrement critique sur la gestion du gouvernement sur le dossier de la Nouvelle-Calédonie. "Rétablir l'ordre est une nécessité, ne serait-ce que pour permettre à tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie de retrouver de la nourriture, des médicaments, des soins et permettre la libre circulation. Mais ça ne peut pas se faire comme préalable, comme si on avait d'abord le bâton et au loin une éventuelle carotte", explique-t-il au micro de Laurence Ferrari.
Ne pas entraver le processus irréversible
Pour le professeur de criminologie, la méthode du gouvernement est "en train de mettre le feu à tous les outre-mer". Les présidents de quatre régions d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane et La Réunion) ont appelé à retirer immédiatement la réforme pour ne pas empirer la situation, tandis que la Polynésie française suit de très près le cas de sa voisine Calédonienne.
"Si on n'avance pas intelligemment sur cette affaire, l'État prend un risque majeur, celui de créer une petite Algérie. Il est de l'intérêt général de l'État que le président de la République, ce lundi soir, décide de confier une mission de conciliation au niveau d'anciens Premiers ministres, sous l'égide de l'actuel Premier ministre, afin d'avancer intelligemment sur une solution qui ressemble, d'après ce que disent tous les locaux, à une sorte de souveraineté association telle que le général de Gaulle lui-même l'avait prévu", affirme Alain Bauer. Ce dernier rappelle que depuis les accords de Nouméa en 1998, le processus de décolonisation de l'archipel est irréversible et doit donc être mené à son terme.