Pour le Parti socialiste, il va falloir jouer de prudence, car la grogne est là, même après l'accord adopté dans la nuit de jeudi à vendredi, vers une heure du matin. Une alliance avec les insoumis validée par 62% des socialistes réunis en conseil national a permis un changement d'orientation historique pour le parti de gauche, après plus de quatre heures de discussions. "Nous nous sommes beaucoup manqués. Maintenant, je l'espère, nous allons nous retrouver. Merci", a lancé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Cependant, nombreux sont les dissidents du parti qui comptent se présenter aux législatives hors-union.
"Ce doit être un parti de gouvernement et pas un parti qui suit la radicalité"
Dans la soirée, les débats ont parfois été houleux, certains intervenants tenant à marquer leur profond désaccord avec la ligne de Jean-Luc Mélenchon sur l'Europe, le financement du programme ou encore sur le peu de circonscriptions obtenues par le PS dans l'accord. Mais les échanges sont cordiaux et les négociateurs déminent. Beaucoup en sont persuadés dans sa position. Le PS sort renforcé du compromis trouvé avec LFI.
À la sortie, les cadres assurent que c'est un moment historique. Les socialistes clarifient leur position, redeviennent partie prenante de la gauche. Mais quelques opposants, comme François Kalfon, ne cachent pas leur colère. "Comme on dit dans un dicton populaire, c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses. La fin de la foire, c'est le 19 juin prochain, nous verrons combien de députés nous gagnerons. Moi, j'ai de grands doutes."
Les premières dissidences surviennent
L'alliance a également un goût amer pour Patrick Mennucci. L'ancien député marseillais est un farouche opposant à ce mariage avec la France insoumise : "Nous aimons le Parti socialiste, nous sommes attachés à lui et nous ne voulons pas en rajouter", a-t-il détaillé avant d'ajouter : "Je pense que les électeurs, malheureusement, se rendront compte rapidement de ce qui est en train de se passer. Mais ce soir, je crois que nous avons mené une bataille. Nous l'avons perdue et nous n'avons pas l'intention d'abandonner le Parti socialiste. Nous y restons pour le faire changer."
Désormais, le temps de la dissidence semble venu pour lui : "Après cette période, il y aura un congrès. C'est là que nous essaierons de reprendre la main parce que le Parti socialiste. Ce doit être un parti de gouvernement et pas un parti qui suit la radicalité", a regretté Patrick Mennucci.
Au même moment, à Montpellier. Le maire PS de la ville, Michaël Delafosse, accompagné de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, vent debout contre l'accord, ont lancé la campagne de leur propre candidate hors-union, Olivier Faure a d'ores et déjà prévenu à la sortie du Conseil national : "Vous connaissez nos statuts. Les candidats dissidents s'excluent eux-mêmes du Parti socialiste." La convention d'investiture de la Nouvelle Alliance est prévue ce samedi à Aubervilliers.