La France soutient pleinement la volonté de la Finlande d'entrer dans l'Otan, à laquelle Moscou menace de répliquer par des mesures "militaro-techniques", a annoncé jeudi l'Elysée. "Le président de la République a indiqué que la France soutenait pleinement le choix souverain de la Finlande d'adhérer rapidement à l'Otan", a indiqué l'Elysée à l'issue d'un échange entre le président français Emmanuel Macron et son homologue finlandais Sauli Niinistö.
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Le président et la Première ministre de la Finlande se sont dits favorables jeudi à une adhésion "sans délai" à l'Otan, un immense pas vers une candidature devant être officialisée dimanche. Moscou a réagi en affirmant qu'une adhésion du pays nordique à l'alliance militaire occidentale constituerait "assurément" une menace contre la Russie, évoquant la prise de mesures "militaro-techniques". Conséquence directe de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, la candidature finlandaise devrait aller de pair avec une demande d'adhésion suédoise, attendue elle aussi dans les prochains jours.
Adhérer à l'Otan "renforcerait la sécurité de la Finlande", dit le président finlandais
"Etre membre de l'Otan renforcerait la sécurité de la Finlande. En tant que membre de l'Otan, la Finlande renforcerait l'alliance dans son ensemble. La Finlande doit être candidate à l'adhésion à l'Otan sans délai", ont affirmé le président finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre Sanna Marin dans un communiqué commun. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a lui salué la volonté des dirigeants finlandais d'intégrer l'Alliance, en promettant un processus "sans heurts" qui se déroulera "rapidement".
Une conférence de presse du tandem exécutif finlandais devant officialiser les "décisions concernant la politique de sécurité de la Finlande" est prévue dimanche, selon Helsinki. La prise de position officielle des deux dirigeants marque la bascule de la ligne du pays nordique, qui partage une frontière de 1.300 kilomètres et un passé douloureux avec la Russie.
76% de la population favorable
Dans le pays de 5,5 millions d'habitants, 76% de la population est désormais en faveur de l'adhésion, selon un sondage publié lundi, soit le triple de son niveau d'avant-guerre. "On était seuls en 1939, on ne veut pas se retrouver seuls une nouvelle fois", dit à l'AFP Nick Paterson, un entrepreneur finno-britannique de 56 ans. "C'est très important que les dirigeants de notre pays soient sur la même longueur d'onde et je pense que c'est une bonne décision", estime Ville Laakso, un avocat de 31 ans.
Au Parlement, une très large majorité des 200 députés est acquise avec seulement une dizaine d'opposants déclarés. La chambre se réunira lundi matin pour étudier la proposition de l'exécutif, avec probablement une mise au vote, a fait savoir son président Matti Vanhanen à la télévision publique Yle.
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Une adhésion qui ne serait "contre personne"
"Adhérer à l'Otan ne serait contre personne", avait assuré mercredi soir le président finlandais, en réponse aux mises en garde russes contre une entrée d'Helsinki dans l'alliance. Pour le président finlandais, longtemps un avocat du dialogue Est-Ouest, la Russie ne peut s'en prendre qu'à elle-même de voir son voisin rejoindre l'alliance. "Si nous adhérions (à l'Otan), ma réponse (à la Russie) serait : 'C'est vous qui avez causé cela, regardez-vous dans le miroir'", a dit Sauli Niinistö.
"Vladimir Poutine, une des choses qu'il disait est qu'il ne voulait pas d'un Otan fort sur son flanc ouest. C'est ce qu'il obtient", a souligné le porte-parole du Pentagone John Kirby, évoquant une alliance "qui gagne en force" et en "capacité de dissuasion". Soumise à une forme de neutralité forcée par Moscou durant la Guerre froide, l'ancienne province russe (1809-1917), envahie par l'Union soviétique en 1939, avait adhéré à l'Union européenne et au Partenariat pour la Paix de l'Otan après la chute de l'Union soviétique, mais était restée non membre de l'alliance.
La Finlande espère que la Suède fera "la même conclusion"
La décision formelle sur l'adhésion doit être prise par un Conseil sur la sécurité et la politique étrangère, réunissant le chef de l'Etat, la Première ministre et plusieurs ministres. "On doit espérer que la Suède, notre proche partenaire, fera la même conclusion et que nous pourrons candidater ensemble", a affirmé le ministre finlandais de la Défense Antti Kaikkonen.
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Côté suédois, une revue stratégique préparée par le gouvernement et les partis au Parlement sera rendue publique vendredi, avant une réunion sans doute décisive du parti social-démocrate au pouvoir dimanche. Inquiètes de la réaction de la Russie, les deux pays ont déjà cherché à obtenir des assurances de protection pendant les mois nécessaires à leur entrée formelle dans l'Alliance atlantique, à l'image d'un accord signé mercredi avec Londres.
Les deux pays, membres de l'Union européenne, peuvent aussi compter sur l'article 42.7 d'assistance mutuelle des traités européens, a rappelé jeudi le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto devant le Parlement européen. Cette période, qui implique notamment une ratification par les Parlements de chacun des 30 membres actuels de l'Alliance, peut prendre plusieurs mois. Au Sénat américain, qui est chargé de la ratification avec une forte majorité requise des deux tiers, des élus clés des démocrates et des républicains ont promis de soutenir l'adhésion.