Le gouvernement a-t-il décidé de taper sur les chômeurs ? La réforme de l'assurance-chômage présentée lundi par le ministre du Travail Olivier Dussopt est dénoncée par l'ensemble des syndicats, à l'exception des représentants du patronat. De la CGT à la CFE-CGC en passant par FO, tous les partenaires sociaux jugent les nouvelles règles injustes et violentes pour les chômeurs. Le gros changement qu'apporte cette réforme, c'est l'adaptation de l'assurance-chômage selon la conjoncture. Elle prévoit de moduler à la baisse (-25%) la durée d'indemnisation des chômeurs quand la conjoncture est bonne, comme c'est le cas actuellement avec nos 7,3% de chômage, et de revenir aux conditions actuelles si la situation se dégrade, c'est-à-dire si le chômage dépasse 9% ou augmente brutalement de +0,8% en un trimestre.
"Une réforme violente"
Des mesures fortement critiquées, même si pourtant le gouvernement a tenté de soigner au maximum l'acceptabilité de son texte en prévoyant de nombreuses exceptions. C'est le cas de la France d'Outre-mer par exemple. Elle est épargnée par les nouvelles règles au nom du contexte économique "trop particulier", selon Olivier Dussopt. Certains corps de métiers ne basculent pas non plus dans la modulation. Parmi eux, les dockers, les marins-pêcheurs ou encore les intermittents du spectacle. Par ailleurs, les règles restent identiques pour les bénéficiaires d'un contrat de sécurisation professionnel, et les expatriés.
Mais dans n'importe quel cas de figure, le gouvernement ne touchera pas au montant de l'assurance chômage, ni au plancher de six mois pour la durée minimale d'indemnisation. Selon Denis Gravouil, syndicaliste à la CGT, ces exceptions visent à éviter une explosion sociale : "On voit bien que le gouvernement a tenté de mettre des compensations pour éviter la colère sociale. Mais ça reste une réforme violente notamment pour les jeunes, parce que les apprentis ne sont pas exclus des règles, mais aussi pour les seniors. Au nom de la CGT, j'ai demandé à Olivier Dussopt le retrait du texte mais il a refusé."
Pour atténuer le choc, le gouvernement va également prolonger l'indemnisation des chômeurs qui arrivent en fin de droits lorsque la conjoncture se dégrade.