L'exécutif n'entend pas céder à la pression des députés marcheurs sur la PMA. Anticipant l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, ces derniers présentent jeudi une proposition de loi pour étendre la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. Une manière de pousser le gouvernement à passer à la vitesse supérieure.
Un calendrier à respecter. Pour autant, Emmanuel Macron veut rester le maître des horloges et n'entend pas bousculer son calendrier. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a répété mercredi que la PMA serait abordée au Parlement dans le cadre de la loi de bioéthique, seulement attendue au début de l'année prochaine. Il faut dire que le sujet est particulièrement sensible, y compris au sein du gouvernement, ce qui pourrait nécessiter quelques déminages en interne avant de lancer le processus législatif.
Un gouvernement à mettre en ordre de bataille. "Il n'y a pas le début du commencement d'un mollissement du gouvernement sur cette question", martèle Benjamin Griveaux. Mais sur ce dossier "compliqué", l'exécutif attend d'abord l'avis du Comité consultatif national d'éthique à la rentrée. Cette étape apparaît d'autant plus cruciale que la réponse du comité pourrait permettre à la macronie, qui ne compte pas que des partisans de la PMA, d'accorder ses violons. "On ne veut brusquer personne ni esquiver le débat", explique-t-on à Matignon.
Le Premier ministre Edouard Philippe était lui-même contre lorsqu'il était encore député UMP. Désormais, le chef du gouvernement se montre plus ouvert comme il l'expliquait sur France 2, en septembre : "Comme toute la société française, il m'arrive d'évoluer sur ces questions. Parce que je rencontre soit des couples féminins, soit des femmes célibataires qui ont parfois eu recours à ces techniques en Belgique, en Espagne. Je vois ce que ça permet. Je ne vois pas ce que cela enlève", a-t-il concédé. "Je ne crois pas qu'il y ait un droit à l'enfant [...], mais je pense qu'on peut se poser la question de savoir si des femmes, soit en couple, soit célibataires peuvent recourir à la PMA", a-t-il encore ajouté.
Le souvenir du "mariage pour tous". Certains de ses collègues, venus eux aussi des rangs de la droite comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, restent encore réservés. "On n'en fera pas un casus belli, on savait que c'était une promesse d'Emmanuel Macron", rappelle un conseiller ministériel. Le chef de l'Etat espère quant à lui un débat "apaisé", loin des scènes de crispation et des manifestations qui ont accompagné le "mariage pour tous" en 2012.