Paris, Lyon, Marseille : comment fonctionne le mode de scrutin municipal dans les trois premières villes de France

François Bayrou a relancé le débat sur la modification du mode de scrutin pour l'élection des maires de Paris, Lyon et Marseille. Le Premier ministre voudrait revenir sur la loi dite "PLM" de 1982, en permettant aux habitants d'élire leur représentant municipal au suffrage universel direct. Mais en quoi consiste cette loi ?
Ce mardi matin, au petit-déjeuner du gouvernement, le Premier ministre François Bayrou est revenu sur sa volonté de revoir le mode de scrutin pour les élections des maires de Paris, Lyon et Marseille. Imaginées selon le principe du suffrage indirect depuis la loi "PLM" de 1982, ces élections sont une spécificité en France que certains, dans la classe politique, voudraient abolir.
La singularité de Paris, Lyon et Marseille
Tous les six ans, les habitants de Paris, Lyon et Marseille sont les seuls Français à ne pas élire le maire de leur ville. Ils élisent effectivement leur maire d'arrondissement mais pas celui de la ville. Ce dernier est nommé par le conseil municipal, composé de représentants des conseils d'arrondissements, dont le nombre est proportionnel à la population de leur secteur.
Modifier ce mode de scrutin, en permettant aux citadins d'élire également le maire de la ville, réduirait ainsi la distance démocratique existant entre administrés et administrant. C'est en tout cas l'argument brandi par François Bayrou pour relancer le débat sur la loi "PLM" et présenter sa proposition de loi qui devrait arriver au Parlement le 20 mars prochain. Pour Dorian Dreuil, politologue et expert associé à la fondation Jean Jaurès, ceci pourrait également "redonner du poids politique aux deux acteurs, que sont le conseil d'arrondissement et le conseil municipal".
Un calendrier qui va "cristalliser le débat"
Il alerte cependant sur le calendrier politique qui pourrait "cristalliser le débat". Effectivement, les élections municipales, prévues en mars 2026, se tiendront un an avant la prochaine présidentielle. Or, à ses yeux, cette question d'ordre démocratique ne devrait pas être étudiée à l'aune d'une échéance aussi importante. "Plus on est en amont de la présidentielle, mieux c'est pour garantir la qualité du débat". Avant d'ajouter que la campagne pour les municipales "va déjà être particulièrement intense, du fait de la présidentielle qui sera à peine un an plus tard".
Cependant, le mois de mars représente "la dernière fenêtre parlementaire" pour légiférer sur la question, étant donné qu'il est interdit de modifier un mode de scrutin à moins d'un an de l'élection concernée. Si la proposition de loi est validée par le Parlement, elle pourrait entrainer des changements électoraux.
D'un côté, Parisiens, Lyonnais et Marseillais devraient procéder à deux votes au lieu d'un : celui de leur maire d'arrondissement et du maire de leur ville. Un point qui inquiète certaines personnalités politiques, comme le maire de Lyon Grégory Doucet, pour qui une accumulation du nombre d'élections pourrait démotiver les citoyens à se déplacer aux urnes. Néanmoins, pour Dorian Dreuil qui assure que "plus l'enjeu politique est important, plus les personnes se déplacent", la question n'est pas là. Le politologue estime qu'il faudrait plutôt réfléchir à "comment on pourrait être innovant pour faciliter ces doubles votes".