Dans les rangs de l’exécutif et au MoDem, on est catégorique : la majorité présidentielle ne varie pas d’un iota, malgré les départs de Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez et François Bayrou du gouvernement, mardi et mercredi. Si le MoDem va continuer à siéger dans la majorité, ce n’est pas le cas de son président, qui n’est pas député et qui a vu son statut progressivement changer aux yeux du chef de l’État. Alors qu’il avait permis au candidat Macron d’accéder à l’Élysée en se ralliant à lui en février, le faiseur de rois est devenu depuis quelques semaines un caillou dans la chaussure du président, contraint de quitter le navire gouvernemental au bout de 34 petits jours.
De la place Vendôme à la mairie de Pau. Dorénavant, François Bayrou va être pleinement consacré à sa tâche de maire de Pau, "une ville qui est magnifique et magique" selon ses mots, mercredi. Car au contraire d’Edouard Philippe, qui avait abandonné le fauteuil de maire du Havre cinq jours après son arrivée à Matignon, François Bayrou n’a en effet jamais démissionné de la mairie béarnaise, remportée en 2014.
Prévoyant, François Bayrou n'avait pas encore démissionné de son mandat de maire de Pau.
— Béatrice Houchard (@behache3) 21 juin 2017
… tout en gardant un pied à l’Assemblée grâce à de Sarnez. Dans le même temps, l’ex-garde des Sceaux devrait continuer à diriger le MoDem, qui revit depuis un accord électoral avec En Marche! et l’élection de 42 députés, dimanche. Petit rappel : la formation politique née en 2007 ne disposait d’aucun député sous la dernière législature. "On a un atout formidable : on n’a pas de sortant. Cela nous permet de nous renouveler et nous rajeunir", se réjouissait d’ailleurs mi-février auprès de Europe1.fr Marielle de Sarnez, numéro 2 du parti et très proche de François Bayrou.
Quatre mois après un accord autant décisif pour En Marche! que pour le MoDem à l’époque, c’est cette même Marielle de Sarnez qui devrait hériter de la présidence du groupe MoDem à l’Assemblée nationale. Avec un relais efficace au palais Bourbon, va-t-il désormais être un "frondeur" du gouvernement, depuis son pupitre de président du MoDem ? "Aujourd’hui, le Modem a besoin de La République en marche!, mais la réciproque n’est pas vraie car Emmanuel Macron dispose de la majorité absolue. François Bayrou ne pèse plus rien aujourd’hui, ce fut un come-back éphémère", analyse Antonin André, chef du service politique d’Europe 1. "Le temps qui passe parfois érode les majorités", a glissé François Bayrou mercredi, comme pour montrer à La République en marche! que le MoDem serait un jour indispensable au parti présidentiel.
"Quand on est ministre, on ne peut pas tout dire". En dehors du gouvernement, François Bayrou va en tout cas retrouver une liberté de ton qu’il avait tenté d’avoir dès ses premières semaines au ministère de la Justice. "Quand on est ministre, on ne peut pas tout dire. Il sera plus facile de s’exprimer pour lui" à l’extérieur, relativise Marc Fesneau, secrétaire général du parti et député du Loir-et-Cher. Mécontent d’une enquête de France Inter sur les soupçons d’emplois fictifs pesant sur son parti, il n’avait pas hésité à appeler la station, "en tant que citoyen", pour fait part de son mécontentement. Un comportement immédiatement critiqué par le Premier ministre : "Un ministre n'est pas animé par sa mauvais humeur." Réponse cinglante du garde des Sceaux, vendredi dernier : "Chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire à des Français, qu’ils soient politiques, qu’ils soient journalistes, je le dirai." Lors de sa conférence de presse de départ, mercredi, il l'a une nouvelle fois redit : "Je n’accepte pas de vivre sans liberté de parole."