Jusqu'ici, la stratégie de LREM pour les européennes était très claire : construire une opposition entre sa liste, qualifiée de progressiste, pro-européenne, et celle du Rassemblement national, eurosceptique et qualifiée de populiste et nationaliste. Mais pour Pascal Canfin, candidat LREM en deuxième position derrière Nathalie Loiseau, les enjeux dépassent largement le cadre national, et même continental. Selon l'ancien directeur général du WWF France, invité dimanche du Grand Rendez-Vous d'Europe 1 avec CNews et Les Échos, il existe une "nouvelle Internationale d'extrême droite", qui va de Trump à Poutine.
"Un objectif : détruire l'Europe"
Pascal Canfin en veut pour preuve l'incursion dans la campagne électorale de Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump, venu à Paris pour soutenir Marine Le Pen et ses alliés, notamment Matteo Salvini en Italie. "Le message qui est passé, c'est qu'on est face à une nouvelle Internationale d'extrême droite, avec un objectif majeur : détruire l'Europe", a martelé le numéro deux de la liste LREM. Interviewé dans Le Parisien, Steve Bannon n'a pas caché son soutien à la liste RN pour les européennes et expliqué qu'il était là bénévolement pour donner des conseils au parti d'extrême droite, notamment en matière de levée de fonds.
Par ailleurs, les collusions entre l'extrême droite et la Russie de Vladimir Poutine sont aussi régulièrement dénoncées par les opposants politiques de ces partis. Dernier scandale en date : la caméra cachée qui a piégé le numéro deux du gouvernement autrichien, Heinz-Christian Strache, à la tête du parti populiste FPÖ. Dans une vidéo, celui-ci disait être prêt à accorder des contrats publics à des oligarques russes en échange de leur investissement dans les médias autrichiens. "C'est ça le système en train de se concrétiser pour détruire l'Union européenne", a dénoncé Pascal Canfin. "Aujourd'hui, le RN est l'idiot utile de ce projet politique, le cheval de Troie de Trump et Poutine pour détruire l'Europe. On voit bien aujourd'hui que c'est un affrontement politique mondial. La répercussion [du résultat de] cette élection sera non seulement française, mais européenne et mondiale."
De nouveaux éléments de langage
Des éléments de langage bien huilés que beaucoup de candidats LREM ou de soutiens à leur liste ont sorti tout le week-end. Daniel Cohn-Bendit, mais aussi des députés de la majorité ont martelé les expressions "cheval de Troie" et "détruire l'Europe". "Marine Le Pen est la candidate d'un nouveau système, le système Trump-Poutine", a fustigé Pascal Canfin. Qui a également pourfendu le bilan du RN au Parlement européen. "Depuis cinq ans, c'est zéro. Depuis cinq ans, l'influence de la France a considérablement baissé. Pourquoi ? Parce que notre première délégation ne vote rien. Cela dessert notre capacité à peser en Europe. Un siège du RN à Strasbourg, c'est une voix pour rien."