A l'issue du débat de jeudi soir diffusé sur TF1, Vincent Peillon dit avoir "hurlé". "On n'a pas eu le temps de parler d'Europe", s'est insurgé le candidat à la primaire de la gauche dans les colonnes du Parisien. Ce n'est pas Pierre Moscovici, qui le contredira. Invité samedi de l'émission C'est arrivé cette semaine sur Europe 1, le Commissaire européen aux affaires économiques a lui aussi regretté cet "oubli".
Pierre Moscovici attend des deux prochains affrontements qu'ils soient plus "musclés et éclairants sur les différences entre les candidats" mais surtout que les quatre candidats principaux, Benoît Hamon, Manuel Valls, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, s'engagent pour l'Europe. "Je voudrais que la gauche affirme beaucoup plus son identité européenne, qu'elle soit fière de l'Europe, qu'elle soit offensive sur l'Europe."
"Deux courants d’euroscepticisme". Or, Pierre Moscovici observe deux courants d'euroscepticisme à gauche : l'un "bruyant, qui veut se confronter avec les conservateurs, avec l'Allemagne, qui veut refonder" et qu'il voit incarné par Arnaud Montebourg. "Quand il dit qu'on va opposer une Europe conservatrice à une Europe progressiste, il ignore deux réalités : que l'Europe est un compromis et que le franco-allemand est la base de tout." L'autre euroscepticisme est selon le commissaire européen moins affiché. "On ne dit rien de mal, mais on ne dit rien de bien."
"Encore un effort !". Pierre Moscovici nie viser directement Manuel Valls mais se montre clair : "Il est Européen par essence, né à Barcelone, naturalisé Français. J'ai envie de lui dire :'encore un effort !'." S'il met Montebourg un peu en retrait et qu'il considère les trois comme Européens, Pierre Moscovici ne souhaite pas prendre position pour l'un ou l'autre, du moins pas avant le second tour. "S'il advenait qu'il y ait un candidat pro-Européen et un qui ne serait pas européen du tout, j'expliquerais pourquoi je préfère le candidat européen."
"Madame Merkel mérite le respect". C'est finalement Emmanuel Macron, qui joue hors primaire, qui fait le plus vibrant plaidoyer pro-européen. "Sur l'Europe, Emmanuel Macron a bien compris ce qu'étaient les enjeux : une France leader, qui soit capable avec l'Allemagne de renfonder l'Europe et de conforter la zone euro. Il dit aussi ce que j'avais dit avant lui : Madame Merkel a besoin en France de compréhension et de soutien. Sur les réfugiés, nous avons eu une attitude trop timide, regrette Pierre Moscovici. Je n'ai pas apprécié qu'on la critique là-dessus. La chancelière est une femme qui mérite notre respect."