L'un des piliers du gouvernement, Gérald Darmanin, ministre de l'action et des Comptes publics, doit faire face à des accusations de viol. Il nie les faits et a reçu dès samedi le soutien appuyé du gouvernement. Mais en cas de mise en examen, il devra démissionner.
Des accusations d'abus de faiblesse, de confiance et de viol. Une femme a réactivé la plainte qu'elle avait déposée au printemps et qui avait été classée sans suite. Elle affirme qu'en 2009, Gérald Darmanin a abusé d'elle et de sa confiance alors qu'elle avait sollicité son aide dans une affaire judiciaire. La justice a ouvert une enquête préliminaire. Le ministre nie les faits. Il avait lui-même évoqué l'affaire mi-janvier au micro de Franceinfo.
"J'ai reçu, au début de ma nomination de ministre, une lettre de dénonciation calomnieuse, une lettre infâme", avait-il raconté. "C'était un homme qui m'accusait d'abus de faiblesse, d'abus de pouvoir voire de viol. Une enquête préliminaire a été ouverte pendant six semaines. J'ai évidemment immédiatement porté plainte pour dénonciation calomnieuse."
Une première affaire rapidement classée mais rouverte. "C'est une affaire qui a eu une enquête préliminaire pendant plusieurs semaines et elle a été classée pour absence totale d'infraction. Donc une affaire classée judiciairement n'est manifestement pas classée médiatiquement. " La plainte de la femme qui accuse le ministre, une ancienne call-girl, a conduit la justice à rouvrir automatiquement l'enquête.
"Toute la confiance d'Édouard Philippe". Une affaire embarrassante pour l'exécutif qui reste pourtant aux côtés de Gérald Darmanin. C'est Matignon qui a été chargé de lui apporter un soutien très clair : "Il a toute la confiance d'Édouard Philippe", font savoir les proches du Premier ministre. De sarkoziste à macroniste, il a été adoubé par le président en quelques mois, au point d'intégrer son premier cercle, celui qui partage les dîners et les réunions stratégiques à l'Élysée. Pour l'instant, l'entourage du président ne commente ni l'enquête ni l'accusation qui visent le ministre des Comptes publics.
Un départ seulement en cas de mise en examen. Matignon rappelle aussi les règles fixées en la matière : seule une mise en examen entraîne un départ automatique du gouvernement. Ici il ne s'agit que d'une enquête. "Dans la situation actuelle, Gérald Darmanin peut rester au gouvernement", a-t-elle poursuivi, rappelant que "les règles sur le maintien au gouvernement d'un ministre sont extrêmement claires", a rappelé Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, dans le cadre du "Grand Jury" RTL-Le Figaro-LCI. C'est aussi le cas pour Muriel Pénicaud, ministre du Travail soupçonnée de favoritisme et toujours en poste.
Une pression politico-médiatique. Mais la règle n'est pas immuable. Pris dans la tourmente des affaires l'été dernier, Richard Ferrand avait été exfiltré du gouvernement, François Bayrou, lui, avait démissionné. Ni l'un ni l'autre n'étaient pourtant mis en examen. Mais avec la pression politique et médiatique, leur position au sein de l'exécutif était devenue difficilement tenable.