Ce mercredi se poursuit à Paris le Congrès de l'Association des maires de France, ainsi que le Salon des maires de France, qui rassemble les entreprises qui travaillent dans la sphère publique. Emmanuel Macron sera d'ailleurs présent sur ce deuxième événement, dans un contexte de ras-le-bol des maires. Selon un sondage Ifop publié ce mercredi, plus d'un maire sur deux (55%) ne souhaite pas se représenter à la fin de son mandat en 2026, un record en vingt ans.
Les maires les plus âgés et des communes rurales principalement concernés
Dans le détail, les maires les plus âgés sont les plus prompts à jeter l'éponge (72% des plus de 70 ans), de même que les maires ruraux (56%) et ceux dont au moins 10% du budget de fonctionnement est consacré à l'énergie (62%). 90% des élus interrogés se disent ainsi inquiets de la hausse des prix de l'énergie pour le budget de leur commune, souligne ce sondage réalisé auprès de 609 maires pour la société Hellio, spécialisée dans la maîtrise de l'énergie, et le magazine Acteurs publics.
"Dans ce contexte où un nombre record de maires envisagent de jeter l'éponge, cette enquête est la première à montrer que cette explosion des prix en pousse certains à ne pas payer leur facture, voire à fusionner avec une commune voisine", souligne l'Ifop dans un communiqué. Ainsi, 16% des maires interrogés envisagent de fusionner avec une commune voisine pour faire face à la hausse des prix, "signe de craintes sur la pérennité du tissu communal hexagonal", et 12% pensent ne pas payer à leur fournisseur le surcoût engendré par l'inflation d'énergie.
Plus de la moitié des maires (55%) envisagent aussi de mutualiser leurs approvisionnements énergétiques avec d'autres collectivités locales pour réduire les coûts. Enfin, sur les 609 répondants, 63% des maires se disent mécontents de l'action du gouvernement pour aider les communes à faire face à la hausse des prix de l'énergie. Concernant les réponses apportées à ces enjeux, 85% des maires ont l'intention de moins chauffer leurs locaux et équipements, 82% de couper l'éclairage la nuit, 24% d'augmenter les impôts locaux et 74% d'engager des travaux de rénovation énergétique. Seuls 9% veulent fermer des services publics.
"On est pris dans une spirale"
Et certains maires n'ont pas attendu l'échéance des prochaines élections pour jeter l'éponge. 960 maires ont démissionné ces deux dernières années. C'est notamment le cas à Trégourez, dans le Finistère, où l'ancienne maire n'arrivait plus à gérer sa fonction et sa vie de famille.
"J'aurais adoré pouvoir aller jusqu'au bout des quatre ans qu'il me restait." Géraldine Hary l'avoue sans détours : c'est avec regret qu'elle a rendu son écharpe de maire après avoir pourtant mené de beaux projets. "Je verrai le résultat, ça c'est certain. Mais je ne serai pas là pour couper le ruban", ajoute-t-elle.
Le 23 septembre dernier, elle a envoyé sa démission au préfet. Dans une commune de 1.000 habitants, le premier élu doit tout gérer avec une équipe très réduite. "Pas de jour férié, il n'y a pas de week-end. Pour des conflits de voisinage, j'ai vu les gendarmes m'appeler un samedi soir à 18 heures. Parfois, le téléphone sonne en pleine nuit parce qu'il y a eu un accident. Les poneys à 7h du matin le dimanche, qui sont en divagation sur la route, on y va", détaille l'ancienne élue. "En fait, on est pris dans une spirale qui fait que tous les jours, on y est. Il fallait faire un choix. Parce qu'on se dit que si on continue comme ça, on peut perdre aussi sa famille."
À 45 ans et après deux années et demie de mandat, cette mère de trois enfants a donc quitté la mairie pour reprendre son activité d'illustratrice jeunesse. "C'est un petit peu l'impression de laisser tomber les gens, mais en fait, on dit qu'être maire, c'est un engagement et pour moi, ce n'est pas un sacrifice."