L'élue LREM Agnès Thill, que certains députés souhaiteraient voir exclue du parti pour des propos sur la PMA, persiste dans une vidéo où elle compare les femmes seules y ayant recours à des "droguées" et où elle nie être homophobe.
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a réagi mardi matin à d'"insupportables et méprisantes paroles d'Agnès Thill à l'égard des mamans et des enfants comparés à des médicaments". "Ces mots blessent des familles et viennent nourrir tous les préjugés ignobles que je continuerai à combattre inlassablement. Effectivement, ça suffit", a-t-il lancé dans un tweet.
Insupportables et méprisantes paroles de @ThillAgnes à l’égard des mamans et des enfants comparés à des médicaments.
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 22 janvier 2019
Ces mots blessent des familles et viennent nourrir tous les préjugés ignobles que je continuerai à combattre inlassablement.
Effectivement, ça suffit. https://t.co/BzTj0FfxOA
Le patron du groupe LREM aurait pris ses distances avec la députée. Le président des députés LREM Gilles Le Gendre a annoncé en réunion de groupe que le cas d'Agnès Thill sera examiné jeudi par le bureau. S'il s'est refusé à tout commentaire devant la presse, il a pris, selon plusieurs participants, ses distances avec la députée en déclarant : ses "propos m'horrifient et m'indignent autant que vous".
Lors de la réunion, le député des Deux-Sèvres Guillaume Chiche a demandé au groupe de se prononcer sur l'exclusion d'Agnès Thill, selon plusieurs participants. "C'est aujourd'hui la seule solution parce qu'elle a été trop loin", a estimé de son côté Matthieu Orphelin, rappelant que LREM avait, en novembre, mis une "dernière" fois en garde Agnès Thill après des propos concernant un supposé "lobby LGBT à l'Assemblée nationale".
Agnès Thill nie être "homophobe" et "raciste". "Je n'ai pas de risque d'exclusion", affirme pourtant l'intéressée dans un entretien vidéo à Oise Hebdo mis en ligne sur le site de l'hebdomadaire lundi, car pour cela il faudrait "prouver" qu'elle est "homophobe", "raciste" et "islamophobe", ce qu'elle nie catégoriquement être.
.@ThillAgnes persiste et signe : "Un enfant n'est pas un médicament, c'est un être humain. Si un drogué souffre, est-ce qu'on lui donne de la drogue ? Si l'enfant ne rend pas sa mère heureuse, c'est lui qui est responsable ?"
— Claire Underwood (@ParisPasRose) 21 janvier 2019
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"Pour le reste, il faut surtout faire de la pédagogie", poursuit-elle, en évoquant le fait qu'"on ne voudrait pas informer parce qu'on sait bien qu'il y a des choses gênantes", comme le fait de "multiplier les femmes seules". Critiquant "l'argument" de l'"envie" d'enfant de ces femmes, elle fait valoir qu'"un enfant n'est pas un médicament, c'est un être humain". Ces femmes "souffrent. J'entends bien qu'elles souffrent, mais alors qu'est ce qu'on fait; si un drogué souffre, on lui donne de la drogue ? Est-ce que je lui donne un enfant parce qu'elle souffre ?"
Des déclarations controversées sur les écoles coraniques. Opposée à l'extension de la PMA et déjà mise en garde à plusieurs reprises par LREM pour certaines de ses prises de positions publiques, Agnès Thill avait de nouveau fait polémique ces derniers jours en estimant à l'occasion de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique que "l'absence de genre dans le mot parent favorise l'éclosion d'écoles coraniques".
Une quinzaine de députés LREM emmenés par l'élu du Val-d'Oise Aurélien Taché ont dénoncé ces déclarations dans une lettre adressée au patron du groupe à l'Assemblée, Gilles Le Gendre. Dans un courrier adressé à Gilles Le Gendre daté de lundi et dont l'AFP a obtenu copie, Agnès Thill l'a de son côté appelé à ne pas "participer à cette entreprise tendant à taire, et stigmatiser, les voix discordantes" au sein du groupe, et a fustigé le "raccourci" de son propos opéré selon elle par Aurélien Taché.