Polémique autour du patrimoine d'Emmanuel Macron

L'association Anticor a saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique afin de vérifier les déclarations de patrimoine d'Emmanuel Macron.
L'association Anticor a saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique afin de vérifier les déclarations de patrimoine d'Emmanuel Macron. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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avec AFP
Une association anti-corruption a saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique afin de vérifier que le candidat a bien été "exact et sincère" dans sa déclaration de patrimoine.

La déclaration de patrimoine d'Emmanuel Macron est-elle "exhaustive, exacte et sincère" ? Anticor, une association qui lutte contre la corruption, en doute fortement. Elle a donc annoncé lundi avoir saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), afin d'exiger une vérification.

Qu'a indiqué Emmanuel Macron dans sa déclaration de patrimoine ?

Cette déclaration de patrimoine date du 24 octobre 2014. Dedans, Emmanuel Macron indique que son patrimoine s'élève à 1,2 million d'euros, qui se décomposent entre divers comptes bancaires, une voiture, deux assurances-vie, un appartement et des placements. Parallèlement, le fondateur d'En Marche! liste trois prêts contractés, pour une valeur totale d'un million d'euros. "Soit un patrimoine net de seulement 200.000 euros", explique Anticor.

Pourquoi la HATVP a-t-elle été saisie ?

Pour l'association, cette déclaration de patrimoine suscite des "interrogations", car elle doit être comparée à la déclaration d'intérêts de l'ancien ministre de l'Economie. Dans celle-ci, également signée en octobre 2014, Emmanuel Macron indique avoir perçu "3,3 millions d'euros de revenus avant impôts" entre 2009 et août 2014.

Dans le détail, il a touché 2,89 millions entre 2009 et 2012, lorsqu'il était banquier chez Rothschild. Entre 2012 et son entrée au gouvernement, un peu plus de deux ans plus tard, Emmanuel Macron a perçu 370.000 euros.

Anticor estime donc qu'il existe un "manque de cohérence" entre la déclaration d'intérêt et la déclaration de patrimoine du fondateur d'En Marche!.

Qui est l'association à l'origine de cette action ?

L'association Anticor a été fondée en 2002 par Eric Halphen, juge anti-corruption (qui a par ailleurs apporté publiquement son soutien à Emmanuel Macron pour la présidentielle), et Séverine Tessier, ancienne assistante parlementaire et élue socialiste. Elle regroupe des citoyens et des élus de toutes tendances politiques, "engagés pour faire respecter les exigences démocratiques non partisanes". En janvier 2016, la HATVP a agréé Anticor, lui permettant de la saisir en cas de doute sur le respect des lois sur la transparence de la vie publique.

L'association a par ailleurs déjà entrepris des actions en justice. Elle a porté plainte dans l'affaire des sondages de l'Élysée, qui auraient été  commandés sans appel d'offres pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle l'avait également fait en 2015 pour "détournement de fonds publics" à l'encontre d'Agnès Saal, ancienne présidente de l'Ina, pour ses frais de taxi abusifs.

Que répond Emmanuel Macron ?

Dans une interview à La Croix lundi, le fondateur d'En Marche! explique qu'en tant que banquier d'affaires, il avait "le statut d'indépendant". "J'ai donc payé, sur le montant brut de ma rémunération, des cotisations sociales patronales, salariales, puis l'impôt sur le revenu. Ces cotisations ont augmenté et frappé mon dernier revenu de référence, au point que je ne gagnais plus assez pour payer mes impôts. La même année, j'ai en effet à la fois divisé ma rémunération par quinze [en quittant la banque Rothschild] tout en expérimentant les engagements fiscaux du président de la République." Au JDD, le 19 février, Emmanuel Macron avait précisé que sur les 2,8 millions d'euros empochés chez Rothschild, il n'avait finalement réellement touché qu'1,5 million après déduction des cotisations et des impôts.

L'ancien ministre de l'Economie a également indiqué qu'il avait fait "des travaux dans la maison de famille de mon épouse, partiellement financés par des emprunts bancaires qui ont tous été déclarés, en 2011 et 2012".