Le 5 mai 2002, Jacques Chirac l'emportait sur Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. À l'époque, le président sortant avait récolté 82,21% des voix, grâce à un report massif des suffrages des électeurs de gauche, orphelins de candidat.
Pas de report massif. Quinze ans plus tard, nul besoin d'avoir son brevet en cartomancie pour d'ores et déjà affirmer que ce scénario ne se reproduira pas. Si Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle avec 23,86% des voix, a de grandes chances de l'emporter face à Marine Le Pen, qui le talonne à 21,43%, ce ne sera pas avec l'avance de Jacques Chirac. Les premiers sondages réalisés après le premier tour le créditent d'un peu plus de 60% des voix. Et ce, notamment, parce que le mécanisme de report des déçus du premier tour ne joue pas à plein.
Les hamonistes choisissent Macron…Dans son étude publiée dimanche soir et réalisée après les résultats du premier tour, l'institut Ipsos montre ainsi qu'Emmanuel Macron l'emporterait le 7 mai avec 62% des suffrages. Le report des voix des électeurs de Benoît Hamon s'annonce massif : 79% de ceux qui ont opté pour le candidat socialiste au premier tour disent choisir le fondateur d'En Marche! au second. Seuls 4% d'entre eux se tourneront vers Marine Le Pen.
Mélenchonistes et fillonistes sont divisés. En revanche, le mouvement est de moindre ampleur chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Un peu plus de six sur dix (62%) se déclarent prêts à accorder leur vote à Emmanuel Macron. Près d'un sur dix (9%) opterait plutôt pour Marine Le Pen. Ce qui laisse donc plus d'un quart (29%) d'abstentionnistes potentiels. Le report des voix en faveur d'Emmanuel Macron est plus sporadique encore chez les électeurs de François Fillon. Seuls 48% d'entre eux disent pencher pour l'ancien ministre de l'Économie au second tour. Un tiers (33%) lui préfèrent Marine Le Pen et 19% s'abstiennent.
Déception et certitudes. Les motivations des électeurs qui refusent de faire front républicain sont diverses, variées, et toutes évoquées sur les réseaux sociaux, notamment via le hashtag #SansMoiLe7mai qui appelle à s'abstenir au second tour. Impossibilité de choisir entre les deux candidats, renvoyés dos à dos, ras-le-bol face à un "chantage au Front national" ou encore certitude qu'Emmanuel Macron sera élu de toute façon. Sur ce point, pourtant, rien n'est joué. Au premier tour, le fondateur d'En Marche! n'a obtenu que 18,19% des suffrages sur le nombre total d'inscrits. Un chiffre historiquement bas, qui laisse présager d'une base fragile.
En attente de cristallisation.Tout peut encore bouger. Avant la tenue du premier tour, le même institut Ipsos faisait état d'un moindre report des voix. Une cristallisation est donc encore en cours. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et François Fillon ont 15 jours pour arrêter leur choix. Par ailleurs, beaucoup de facteurs entreront en ligne de compte pendant cet entre-deux tours, de la capacité des deux candidats à rassembler plus largement jusqu'à la tenue d'un débat, qu'Emmanuel Macron, contrairement à Jacques Chirac en son temps, a accepté de tenir face à Marine Le Pen.
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