Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (LR), qui multiplie les sorties droitières depuis sa nomination, donne "l'impression (d'être) un porte-parole du Rassemblement national", a estimé mardi la porte-parole du groupe d'extrême droite à l'Assemblée nationale, Laure Lavalette. "Quand on écoute Bruno Retailleau, on a l'impression que c'est un porte-parole du Rassemblement national : il a compris les tenants et les aboutissants, ce que les Français veulent sur l'immigration", a déclaré la députée sur le plateau de RMC-BFMTV, assurant néanmoins "se méfier" des LR qui "parlent souvent comme nous en campagne électorale" et puis "gouvernent comme des macronistes".
L'État de droit "n'est pas intangible"
"Est-ce que Bruno Retailleau va avoir cette volonté politique ? On a l'impression qu'il l'a", a-t-elle complété, dans la lutte contre l'immigration, "on prend tout". "Ça sera ça de moins à faire, tout ce qu'il aura fait, quand nous arriverons au pouvoir".
Interrogée sur la dernière phrase choc du locataire de la place Beauvau, pour qui l'État de droit "n'est pas intangible", sa "source, c'est la démocratie, c'est le peuple souverain", a-t-elle approuvé. "Bien sûr que la source de l'État de droit, c'est la démocratie", a-t-elle expliqué, tentant une exégèse des propos de Bruno Retailleau : "du moment où la loi ne protège plus, il faut changer la loi".
"Qu'est-ce qui le distingue aujourd'hui du discours de Jordan Bardella ou de Marine Le Pen ?"
La gauche a également constaté mardi ce positionnement du ministre de l'Intérieur. "Au gouvernement se trouvent des gens qui portent exactement les mêmes idées" que l'extrême droite, a ainsi estimé la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, sur LCI. "Monsieur Retailleau, je crois, en est la parfaite caricature", a-t-elle ajouté, concluant que c'est ce qui "explique pourquoi Marine Le Pen et le groupe Rassemblement national ne souhaitent pas aujourd'hui censurer" le gouvernement de Michel Barnier.
"Il fait comme s'il gouvernait déjà avec l'extrême droite", a soupiré de son côté le patron des socialistes Olivier Faure sur TF1. "Qu'est-ce qui le distingue aujourd'hui du discours de Jordan Bardella ou de Marine Le Pen ?", a-t-il interrogé.