Le gouvernement ira jusqu’au bout. Après une semaine d’hésitations, Edouard Philippe a finalement affirmé la volonté de l’exécutif de mettre en œuvre dès janvier la réforme du prélèvement à la source, comme prévu. Mais les atermoiements du gouvernement ont soulevé de nombreuses questions, à la fois sur la fiabilité du dispositif mais aussi sur son impact politique à quelques mois des élections européennes. "Pourquoi un tel pataquès ?", commente ce week-end Michel Sapin, l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande dans Le Journal du Dimanche.
"Il faut y croire, il faut tranquilliser". Pour le socialiste, le prélèvement à la source – voulu par l’ancien président de la République – "est une bonne réforme". Mais il estime que l’impression de flottement donnée par le gouvernement a pu soulever des inquiétudes chez les contribuables. "Laisser penser qu’il y a des questions sans réponse, c’est créer de l’anxiété là où il faudrait calme et sérénité. Cela fait des dégâts", relève-t-il. "Quand on met en place une réforme aussi importante [...], il faut la porter, il faut y croire, il faut tranquilliser".
Baisse du pouvoir d'achat. Si un report a un temps été évoqué par Emmanuel Macron en raison d’éventuelles difficultés techniques, d’après des propos rapportés par Le Canard enchaîné, Michel Sapin y voit davantage la crainte du gouvernement devant une mesure qui va se traduire par une baisse du chiffre sur la fiche de paie, alors même que l’inflation repart à la hausse et que les prévisions de croissances pour 2018 ont été revues à la baisse. "Je crois que c’est le président Macron qui a un problème psychologique avec le pouvoir d’achat !", tacle-t-il. "Il avait annoncé, à partir du 1er janvier 2018, une année tournée vers le pouvoir d’achat. On s’aperçoit que c’est en réalité l’année de la baisse du pouvoir d’achat, de la baisse de la consommation, et de la croissance", énumère celui qui fut à Bercy, sous le précédent mandat, le ministre de tutelle d’Emmanuel Macron.
Des choix budgétaires contestables. Et de risquer une analyse psychologique : "Ne voulant pas avouer qu’il (Emmanuel Macron, ndlr) a échoué sur ce sujet, il se montre particulièrement susceptible sur la question du prélèvement", pointe Michel Sapin, toujours dans les colonnes du JDD. "Il sait qu’il a devant lui des propositions budgétaires de baisse du pouvoir d’achat", rappelle-t-il, tout en évoquant le quasi-gel de la revalorisation des retraites, des allocations familiales et des APL. "Les remords se sont transformés, à juste titre, en crainte pour 2019", résume-t-il.