Jean-Pierre Raffarin appelle son parti Les Républicains à se mobiliser sur la question de l'Europe. Dans les colonnes du Journal du dimanche, l'ancien Premier ministre, européen convaincu, annonce qu'il ne se rendra pas à Menton, où LR se réunit samedi pour un conseil national consacré à l'Europe, mais estime que le débat à LR sur le sujet "n'est pas à la hauteur".
"En dehors de Valérie Pécresse, je ne vois pas de travail de fond engagé" sur l'Europe, estime Jean-Pierre Raffarin, qui s'est dit à plusieurs reprises prêt à quitter LR "s'il ne s'engage pas dans un projet européen ambitieux". "Pour le moment, le débat n'est pas à la hauteur de la situation", note-t-il.
Il dénonce "une culture du problème, du slogan", sur l'Europe. "Notre projet européen doit mobiliser toutes nos forces, à un moment où l'Europe est frappée par un grave processus de déconstruction, depuis le Brexit, et où à l'extérieur, dans un monde dangereux, le comportement de Monsieur Trump remet en cause l'essentiel", prévient-il encore. Et d'ajouter : "tant que mon parti ne se mobilisera pas sur les trois défis de notre avenir, l'Europe, le numérique, et les migrations, il passera à côté de son histoire. J'espère que le débat européen y fera émerger une culture de la solution, du projet, et pas simplement une culture du problème, du slogan".
Mais alors que Laurent Wauquiez se distingue par une ligne politique très eurocritique, ce dernier peut-il mener lui-même la liste du parti aux élections européennes de 2019 ? Pour Jean-Pierre Raffarin, si "dans la culture française, le rôle du chef est d'être en avant (...) la question principale pour LR, c'est de choisir des méthodes qui rassemblent les deux droites historiques, orléaniste et bonapartiste". "La tête de liste doit être acceptable par tout le monde", avertit-il.
"Je préfère un parti de projets à un parti de tracts". L'ancien chef du gouvernement lors du deuxième mandat de Jacques Chirac tacle également Laurent Wauquiez en évoquant les deux dernières crises internes qui ont secoué le parti de la rue de Vaugirard. À propos du controversé tract "Pour que la France reste la France", Jean-Pierre Raffarin juge qu'"on est très loin des sujets essentiels. Je préfère un parti de projets à un parti de tracts". Évoquant le limogeage de Virginie Calmels, il regrette également la décision du patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "Cela m'inquiète sur la place que le parti va donner au débat", confie-t-il.
S'il affirme ne plus se situer "dans une logique d'écuries", celui qui a lancé en mai l'ONG "Leaders pour la paix" reconnaît toutefois une sympathie politique certaine pour Valérie Pécresse, qui "mène un vrai travail de réflexion et d'action qui fait d'elle une force d'avenir".