Ils vont battre le pavé pour réclamer au gouvernement plus de moyens pour la justice. Plusieurs milliers de magistrats, d'avocats et de greffiers descendent dans la rue et devant les tribunaux mercredi aux alentours de midi, partout en France. Une manifestation qui tombe au mauvais moment pour le président Emmanuel Macron, dont une interview de deux heures doit être diffusée sur TF1 mercredi soir. En nommant Éric Dupont-Moretti au ministère de la Justice, le chef de l'État savait que sa relation avec les magistrats serait difficile, mais il voyait l'ancien avocat pénaliste comme l'homme de la situation pour panser les plaies de la justice.
Le compte n'y est pas pour la justice
Et pourtant dans cette mission, Éric Dupont-Moretti s'est bien investi. Au-delà de sa posture, la difficulté pour l'ancien avocat est qu'il s'est battu pour obtenir une augmentation de 8% du budget de la justice. Le ministre est en train d'organiser des États généraux pour précisément, afficher une réponse à la colère.
Mais l'évidence est là : face à la grogne de la moitié des magistrats, le compte n'y est pas. Les juges demandent plus de moyens, déplorent une forte augmentation de leur charge de travail, sans compensation à la hauteur de l'effort. Pour beaucoup d'entre eux, la contractualisation d'un certain nombre de postes n'est pas non plus la bonne réponse.
Éviter une récupération politique à droite ou à gauche
Alors que la campagne présidentielle bat son plein, tout l'enjeu politique maintenant pour le gouvernement est d'éviter que la manifestation des magistrats, des avocats et des greffiers ne soit récupérée par la droite ou la gauche. Aussi, que cette vague de protestation ne prenne de l'ampleur dans le temps et qu'elle se transforme en crise, même si la réponse prend du temps.
Pour toutes ces raisons, Emmanuel Macron suit de très près le dossier et a demandé au ministre de la Justice de tout faire pour le régler au plus vite.