Le président de l'Assemblée nationale a été mis en examen dans la nuit de mercredi à jeudi pour "prise illégale d'intérêt" dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Richard Ferrand est soupçonné d'avoir fait profiter sa compagne d'une opération immobilière alors qu'il dirigeait cet organisme mutualiste basé dans le Finistère. Dans la foulée, le quatrième personnage de l’Etat s’est dit dans un communiqué "déterminé à poursuivre (sa) mission" à la tête de l'Assemblée, et ce en dépit de la procédure judiciaire dont il fait l’objet. C’est la première fois qu’un président de l’Assemblée nationale en exercice se voit mis en examen.
Pour prétendre conserver son poste, Richard Ferrand mise d’abord sur un aspect juridique : les accusations qui le visent ont déjà été classées sans suite une première fois. Son entourage promet qu’aucun élément nouveau ne vient s’ajouter à cette nouvelle procédure, ce qui laisse présager à Richard Ferrand un dénouement similaire, quand bien même il n’avait pas été mis en examen à l’issue de la première enquête préliminaire.
Quid de la "jurisprudence Balladur ?"
Les proches de Richard Ferrand avancent également une série d’arguments politiques. Et notamment la "jurisprudence Balladur", qui veut qu’un ministre mis en examen démissionne. Or, ce principe ne pourrait pas s’appliquer au président de la chambre basse, dans la mesure où il n’est pas nommé mais doublement élu, à la fois au suffrage universel au moment des législatives, puis par la majorité parlementaire au Perchoir. Par conséquent, un président de l’Assemblée nationale ne peut être demis aussi facilement qu’un ministre.
La sanction de l'opinion
Tout devrait donc dépendre de l’écho de cette étape judiciaire dans l’opinion. Les leaders de l’opposition vont-ils se saisir de ce rebondissement pour demander la démission de Richard Ferrand ? Prendre position contre l’un des hussards de la macronie pourrait les mettre en porte-à-faux, Le Rassemblement national, Les Républicains ou encore La France insoumise ayant tous eu maille à partir avec la justice.
Enfin, les faits reprochés à Richard Ferrand pourraient également entrer en résonance avec la colère qui a pu s’exprimer à travers la crise des "gilets jaunes". Car dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, il y a constitution présumée d’un patrimoine, alors que tant de Français peinent à acheter leurs propre logement.