Première polémique de l'année autour du drapeau européen : la campagne commence mal !

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Nicolas Beytout
Entre le 31 décembre et le 1er janvier, un drapeau européen a flotté sous l'Arc de Triomphe, ce qui a suscité la colère d'une partie de la classe politique. Les détracteurs d'Emmanuel Macron l'ont accusé d'effacer l'identité française. Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, cette polémique un peu futile indique que la campagne est définitivement lancée. 
EDITO

Ça n’a pas traîné : dès le premier jour de l’année, on a compris que la France était entrée de plain-pied dans la campagne électorale et pas tellement à cause des vœux d’Emmanuel Macron. Le président a livré un discours assez soft et c'était, comme tous ses prédécesseurs dans ce genre d’exercice, plutôt l’occasion d’une auto-promotion de son action.

Ces vœux auraient pourtant pu susciter de nombreux et vifs commentaires, notamment avec cette petite phrase en forme d’allusion aux prochaines élections, lâchée vers la fin de son allocution : "Quelle que soit ma place et les circonstances, je continuerai à vous servir", a dit le chef de l’Etat, indiquant clairement par là qu’en cas d’échec, il resterait dans la vie politique française. C’était une sacrée information, mais elle a été balayée tout le week-end par une autre actu, une vive polémique autour du drapeau européen placé sous l’Arc de Triomphe.

Un lieu hautement symbolique

L’idée était de célébrer le début de la présidence française de l’Union européenne et, très symboliquement, de hisser les couleurs de l’Europe à l’endroit le plus symbolique qui soit, un haut lieu de la mémoire de la Nation : au-dessus de la tombe du soldat inconnu. C’était sans compter la polémique qui a immédiatement explosé sur le thème : le drapeau français remplacé par celui de l’Europe, c’est la France qui est dissoute dans l’Europe. Et ça n’a pas traîné : dans la nuit de samedi à dimanche, hop, disparu, plus de drapeau européen.

De son côté, l'Elysée s'est défendu en expliquant que le pavoisement aux couleurs de l’Europe ne devait durer que les 31 décembre et 1er janvier. Cela ressemble plutôt à un arrangement avec la vérité. D’ailleurs, le ministre en charge de ces sujets européens, Clément Beaune, avait lui-même soutenu, dans la journée de samedi, que cet affichage spectaculaire devait rester quelques jours. Raté.

Il y a 13 ans, Nicolas Sarkozy, président de la République, avait lui aussi voulu marquer symboliquement le début de la présidence française de l’Union européenne, mais il avait pris la précaution de faire hisser sous l’Arc de Triomphe les deux drapeaux côte à côte, français et européen. Alors que samedi, non seulement l’Arc de Triomphe était décoré du drapeau aux 12 étoiles, mais en plus, ses façades étaient éclairées du seul bleu de l’Europe. Le tricolore bleu-blanc-rouge avait disparu.

Une "vraie boulette" de la part de l'Elysée

Ça peut paraître peu de choses, mais de la part de l’Elysée, c’est une vraie boulette. On sait bien que la campagne électorale est lancée, on sait bien que les questions d’identité nationale vont être l'un des grands enjeux de l’élection présidentielle, et qu’Emmanuel Macron n’est pas, sur ces sujets, le plus à son aise. Donner à l’opposition un tel symbole, vraiment, c’était une erreur politique. Et de fait, Valérie Pécresse a par exemple accusé le pouvoir "d’effacer l’identité française".

Ce qui lui a valu d’être à son tour accusée par la majorité de faire la course avec l’extrême droite de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour qui avaient respectivement parlé de la disparition du drapeau français comme d’une "provocation" et d’un "outrage".

Macron est décidé à mettre en avant l'Europe dans sa campagne

C’est vrai qu’elle a frappé fort. Mais je note qu’à gauche aussi, par exemple à La France Insoumise, on a clairement désapprouvé cet affichage du drapeau européen. Alors, la question que vous posez, c’est en fait : est-ce que ce grand voile bleu et ses 12 étoiles valaient cette bataille caricaturale ? D’ailleurs, est-ce que les vœux d’Emmanuel Macron ne donnaient pas matière à une polémique autrement importante, par exemple lorsque, à la toute fin de son allocution, le Président lance : "Vive notre Europe, Vive la République et Vive la France" ? Mettre l’Europe en tâte de cette proclamation, ça pouvait aussi se discuter.

Au fond, tout ça confirme qu’Emmanuel Macron est bien décidé à mettre la présidence française de l’Union très en avant dans sa campagne, et que, dès le premier jour, l’opposition est résolue à le contester et à ne pas le laisser faire. A moins de 100 jours du premier tour, la campagne est vraiment lancée.