"Espérance française", "droite populaire" ou "ordre et autorité" : à une semaine de l'élection du président des Républicains, Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié jouaient leur va-tout ce samedi lors d'une ultime réunion commune à Paris. Cinq jours après l'unique débat télévisé, il s'agissait cette fois de convaincre quelque 300 délégués de terrain, réunis en Conseil national au siège de LR. Chaque candidat est venu avec ses soutiens, qui applaudissent abondamment leur champion. Des chaises sont rajoutées pour asseoir tout le monde, et la présidente Annie Genevard appelle chacun au "respect" pour ces 45 minutes de grand oral.
Bruno Retailleau lance la journée avec un discours de "souveraineté populaire", après une courte vidéo mêlant scènes avec des militants, meeting de François Fillon et couronnement de Napoléon.
"Contrôle des flux migratoires"
Dans son discours abondamment retweeté par son équipe, il vilipende "le traité de Lisbonne", "la peur de la bien pensance", "les intimidations de la gauche" et il affiche sa dureté sur l'immigration: "On n'attend pas de la droite qu'elle rétablisse je ne sais quel cordon sanitaire, mais le contrôle des flux migratoires. Je veux qu'un clandestin sache qu'il ne sera jamais régularisé". Le patron des sénateurs LR, parti avec une promesse de rassemblement, promet de donner un rôle plus important aux militants, dans un projet de "rupture".
"Il faut que demain la droite incarne une espérance française pour "répondre à l'angoisse du grand déclassement", assure le sénateur qui compte "porter un projet de civilisation". "Avons-nous besoin de grandes phrases, de grands concepts" s'interroge Aurélien Pradié qui lui succède sur scène, promettant d'être un "mécanicien" pour "rebâtir cette grande maison". Son message, c'est "la droite populaire", celle de Jacques Chirac en 1995 "qui parlait autant aux éboueurs de Paris qu'aux patrons du Cac 40".
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Une bataille Retailleau-Ciotti
"La droite, ce n'est pas la punition", affirme celui qui refuse le report de l'âge de la retraite. Challenger dans cette campagne, il se voit comme "celui qui peut dire à Éric qu'il peut partir à la conquête de la mairie de Nice, à Bruno que nous avons besoin de lui au Sénat". "Pour ma part je me consacrerai à la présidence du parti", assure-t-il, provoquant quelques rires.
Dernier à s'exprimer, Éric Ciotti, qui fait figure de favori, explique son retard par un quidam perché sur un pylône. Il était à Lyon pour recevoir le soutien du très populaire Laurent Wauquiez, insiste-t-il. Son discours reprend les accents et formules de la primaire. "Je veux que la France reste la France", lance-t-il, en promettant "trois piliers porteurs : l'autorité, l'identité, la liberté." Citant Simone Veil, Charles Péguy et les maquisards des Glières, il vilipende ceux qui "prônent la fin du barbecue" mais aussi la macronie avec qui "il n'y aura d'alliance". Car "je n'ai "jamais voté pour Emmanuel Macron, ni au premier, ni au second tour", lance-t-il.
Il faudra attendre les questions réponses pour que l'immigration, son thème fétiche, soit abordé. Très applaudi, Eric Ciotti promet "aucun droit pour les irréguliers, ni allocation ni travail ni école" et "l'arrêt du regroupement familial". Dans la salle où beaucoup sont venus en soutien à un candidat, Marc Perrot, 53 ans, explique voter Pradié, "le seul qui parle de social. Partir trop à droite n'est pas la solution".
Elizabeth Ross, 75 ans, a certes voté pour Éric Ciotti à la primaire mais elle choisit cette fois Bruno Retailleau dont elle vante "la hauteur de vue, la vision, le projet". "Le parti est à terre, il faut faire revenir les Français", assure-t-elle. Betrand Giraud, ancien candidat aux législatives en Charente-Maritime, se range derrière Eric Ciotti: "Dans ma circo très rurale, il va faire 60% ou plus", assure-t-il, en vantant "un discours marqué à droite, et qui plaît. Les gens ont besoin de savoir où on est".