C'est une première. Ce mardi, un sondage d'opinion donne Eric Zemmour au second tour de l'élection présidentielle 2022. Le polémiste à la droite de la droite n'a toujours pas annoncé s'il serait ou non candidat, mais les instituts le testent déjà et Harris Interactive, dans une enquête exclusive pour le magazine Challenges*, estime qu'il arriverait deuxième du premier tour. Éric Zemmour obtiendrait en effet 17% des suffrages (18 si le candidat de la droite est Michel Barnier), derrière Emmanuel Macron (entre 24 et 27% selon le candidat de droite) mais devant Marine Le Pen (entre 15 et 16%).
Dans le détail, Emmanuel Macron arriverait donc en tête au premier tour, suivi d'Éric Zemmour qui signe la progression la plus importante de toutes les personnalités testées, puisqu'il n'était qu'à 7% des suffrages le 8 septembre (et pas testé auparavant). Vient ensuite Marine Le Pen, puis Xavier Bertrand, dans l'hypothèse où il serait le candidat de la droite (là aussi, LR n'ayant pas encore désigné son candidat officiel, il ne s'agit que de suppositions).
Des électeurs potentiels sûrs de leur choix
Jean-Luc Mélenchon recueillerait 11% des voix, contre 6% pour Anne Hidalgo (PS) et Yannick Jadot (EELV). Dans l'hypothèse où le candidat de la droite serait Valérie Pécresse ou Michel Barnier, il ou elle arriverait au même niveau ou derrière Jean-Luc Mélenchon. Dans l'hypothèse où Eric Zemmour se hisserait au second tour, Emmanuel Macron l'emporterait à 55% des suffrages.
Si on s'intéresse au profil des sondés qui répondent voter pour Éric Zemmour, 30% d'entre eux avaient voté Marine Le Pen au premier tour en 2017, 31% François Fillon, 6% Emmanuel Macron et 3% Jean-Luc Mélenchon. Les hommes sont sur-représentés dans l'électorat potentiel du polémiste à la droite de la droite (21%), tout comme les plus de 50 ans (20%), les catégories aisées (18%) et les inactifs (18%). Par ailleurs, les sondés qui penchent pour Éric Zemmour sont 75% à se dire "sûrs" de leur choix.
La tendance au "dégagisme" se confirme
Pour le politologue Rémi Lefebvre, ce sondage "démontre qu'il y a une aspiration profonde au 'dégagisme', l'idée qu'il faut aller chercher de nouvelles têtes" pour assurer l'offre politique. En effet, Éric Zemmour, comme Emmanuel Macron en 2016-2017 d'ailleurs, "n'est pas issu du sérail". Les critiques qui visent les deux hommes sont quasiment les mêmes, "même si, à ce stade, Emmanuel Macron avait plus de ressources. Il avait été ministre de François Hollande, avait beaucoup de réseau dans la haute fonction publique et il était aussi porté par les milieux économiques, qui voyaient en lui un levier de modernisation et de libéralisation".
Éric Zemmour, lui, "a du capital médiatique et une capacité à orienter l'agenda politique et à polariser les points de vue", estime Rémi Lefebvre. "Il faut être très très prudent évidemment car on est encore très loin du premier tour de l'élection présidentielle. Mais cette émergence va avoir des effets importants sur l'offre politique, autant du côté du RN que de LR."
*Enquête réalisée en ligne du 1er au 4 octobre 2021, sur un échantillon de 1.310 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1.062 personnes inscrites sur les listes électorales. La méthode des quotas et le redressement ont été appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur