Frappé par une vague de départs, le RN se félicite de voir que les "fruits pourris tombent", mais Marine Le Pen traverse une passe difficile dans sa campagne présidentielle, menacée, tout comme Valérie Pécresse, par Eric Zemmour qui continue à engranger les soutiens. Au lendemain de la suspension par le Rassemblement national de Nicolas Bay, l'un de ses dirigeants tenté lui aussi par Eric Zemmour, la question des transfuges à l'extrême droite continue mercredi à drainer son lot d'insultes et d'appels à resserrer les rangs.
"Nous sommes soudés autour de Marine Le Pen. Secouer un arbre pour que les fruits pourris tombent, c'est finalement toujours une bonne chose, ça régénère la vitalité", a affirmé sur RMC Laurent Jacobelli, porte-parole de la campagne de la candidate, qui figure toujours en seconde position dans les sondages derrière Emmanuel Macron. Le président du RN Jordan Bardella s'est, quant à lui, efforcé de minimiser les départs, refusant de parler de "saignée" sur France Inter et assurant qu'il ne s'agissait que "d'une dizaine" de personnes sur un millier d'élus.
Plusieurs pontes ont rejoint Reconquête
Trois eurodéputés - Jérôme Rivière, Gilbert Collard et Maxette Pirbakas - ont déjà rejoint le candidat Reconquête!, suivis par l'unique sénateur RN Stéphane Ravier, ainsi que plusieurs conseillers régionaux. Accusé de "sabotage" par le parti, ce qu'il réfute, Nicolas Bay, eurodéputé et membre du bureau exécutif (direction), a été suspendu mardi de ses fonctions par le RN.
Ce proche de Marion Maréchal pourrait officiellement rallier Éric Zemmour avant ou autour d'un déplacement du candidat samedi en Normandie, où Nicolas Bay est conseiller régional. Sans le nommer, Marine Le Pen a "demandé à ceux qui opèrent la stratégie de la limace de bien vouloir accélérer leurs départs (...) parce que la limace est lente mais aussi poisseuse".
La question des transfuges agite aussi la candidate LR Valérie Pécresse qui, après une semaine difficile entre confidences peu amènes de Nicolas Sarkozy et meeting jugé raté, se retrouve désormais au coude-à-coude dans les sondages avec Éric Zemmour à la troisième place. "Les erreurs de formes (de son meeting) veulent dire à un moment donné quelque chose sur le fond" de son programme, a estimé sur LCI son ancien allié Eric Woerth qui a rejoint Emmanuel Macron. Interrogée sur CNews, la conseillère politique de Mme Pécresse, Nadine Morano, a jugé "possible" qu'Éric Zemmour siphonne les voix de l'électorat des Républicains, ce qui justifie selon elle un "discours ferme" de la candidate de droite car "personne n'aurait imaginé qu'Éric Zemmour soit à ce niveau-là".
Quête de parrainages
À moins de deux mois du premier tour du 10 avril, plusieurs candidats sont encore loin des 500 parrainages d'élus indispensables à réunir jusqu'au 4 mars pour être sur la ligne de départ. Si Valérie Pécresse, Emmanuel Macron, la socialiste Anne Hidalgo et la candidate de LO Nathalie Arthaud ont déjà passé le cap, des candidats en bonne place dans les sondages sont encore loin du compte, à l'image de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (332), Marine Le Pen (331) ou Éric Zemmour (250). Éric Zemmour, qui proposerait bien Matignon à Marion Maréchal comme il l'a confié au magazine féminin Elle, a dû ainsi reporter un déplacement à La Réunion, programmé du 23 au 25 février, afin d'être "totalement mobilisé" sur la quête des 500 parrainages.
À gauche, Christiane Taubira n'en affiche que 73 pour l'instant. Dans une lettre dont l'AFP a eu copie, elle demande aux maires de France de la parrainer, au nom du "débat démocratique". Le "Collectif Taubira pour 2022 !" prévoit par ailleurs de manifester devant le Conseil constitutionnel en début de soirée pour l'interpeller sur un supposé blocage de parrainages et dénoncer les "méthodes employées par EELV et le PS". Toujours à gauche, le député LFI Adrien Quatennens a appelé le communiste Fabien Roussel, qui tient un meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) mercredi soir, à unir les forces.
Prenant acte de l'échec du rassemblement de la gauche, Place publique, co-fondé par l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, a annoncé mercredi qu'il ne soutiendrait aucun candidat. Quant à Emmanuel Macron, toujours pas candidat officiellement, il continue à se consacrer à son agenda à l'international avec, outre l'Ukraine, un mini-sommet à Paris mercredi soir, sur fond de retrait attendu des forces françaises du Mali. Pris à parti au Sénat par l'opposition qui appelle le président à sortir du bois, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a rétorqué : "Souffrez que nous soyons concentrés sur ces échéances-là plutôt que sur la campagne présidentielle. Même si je comprends que ce qui vous préoccupe davantage que tous ces sujets-là, c'est la question du grand remplacement".