Le 10 mai 1981, il y a presque 40 ans jour pour jour, François Mitterrand devenait le premier président de la Ve République issu de la gauche. À l'époque, Jacques Attali était à ses côtés et l'un des artisans de sa conquête du pouvoir, ce qu'il raconte dans son livre Il y aura d'autres jolis mois de mai. Jacques Attali fut ensuite conseiller spécial de François Mitterrand pendant 10 ans. Et à quelques mois de l'élection présidentielle de 2022, il alerte sur les points communs entre la trajectoire politique de François Mitterrand et celle de la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, dimanche sur Europe 1.
"Je souhaite que cette victoire n'ait pas lieu"
Bien sûr, ces points communs ne portent "non pas sur la personne, ni sur le programme, mais sur la situation politique", précise-t-il. Jeudi dernier sur France 5, cet écrivain et haut fonctionnaire a d'ailleurs pronostiqué la victoire de Marine Le Pen en 2022. "Je pronostiquais en disant qu’il est temps de se réveiller parce que je souhaite que cette victoire n'ait pas lieu."
Et pourtant, plusieurs raisons le poussent à croire qu'une telle victoire puisse avoir lieu. "François Mitterrand, comme elle, a été candidat trois fois avant d’être élu", observe-t-il. "C’est aussi le cas de Jean-Luc Mélenchon mais Marine Le Pen a été au deuxième tour et donc cela créé un point commun." En 1974, François Mitterrand s'était ainsi incliné au second tour face à Valéry Giscard d'Estaing. Pour Marine Le Pen, c'était en 2017, face à Emmanuel Macron.
"Beaucoup de gens à droite et à gauche jouent pour Marine Le Pen"
Jacques Attali estime aussi qu'il y a ce même sentiment ambiant "que ce n'est pas possible, qu'il (François Mitterrand) ne peut pas gagner ou qu’elle (Marine Le Pen) ne peut pas gagner". Il constate également "le fait que certains chez ses adversaires jouent en sa faveur en espérant que le tour d’après soit pour eux". "Et il y a beaucoup de gens à droite, et aussi à gauche, qui consciemment ou inconsciemment jouent pour Marine Le Pen en pensant que le tour d’après sera pour eux."
Enfin, autre "sentiment" ressenti par l'ancien conseille de Mitterrand : celui "qu’il faut dégager". "C’est ce qui c’était passé avec François Mitterrand. C’est non seulement lui qui a été élu mais aussi Monsieur Giscard d’Estaing qui a été battu. C'est donc le sentiment qu’il faut se débarrasser de la classe politique en place", conclut-il. Autant d'éléments qui créent, selon lui, une "convergence" entre deux profils politiques par ailleurs très éloignés.