"C'est une urgence." Sur les terres populaires des Hauts-de-France qui l'ont élue, Marine Le Pen a accusé vendredi son adversaire Emmanuel Macron de ne "rien" faire en faveur du pouvoir d'achat, un axe majeur de sa campagne qu'elle veut encore amplifier après la flambée des prix de l'énergie. "Faudrait que Macron dégage une fois pour toute", lance Justine, 28 ans, cheveux rouges, sur le marché d'Armentières (Nord) avant de faire un selfie avec Marine Le Pen. La jeune femme, qui ne donne que son prénom et qui travaille dans un fast-food et gagne 857 euros par mois, estime que le président candidat "aide les étrangers alors qu'on est en vraie galère". "À la fin du mois, on n'arrive pas à s'en sortir", déplore-t-elle.
Entre les étals, la prétendante à l'Élysée multiplie embrassades et selfies. Sur les prix de l'énergie, "la situation est hors contrôle et le gouvernement ne propose rien", accuse-t-elle, en fustigeant également la retraite à 65 ans envisagée par Emmanuel Macron, qui va provoquer un "carnage social". Si elle est élue, celle qui se présente comme la "candidate des solutions concrètes" promet que le litre du gazole baissera de 44 centimes et celui de l'essence de 34 centimes.
Peuple "debout"
De quoi plaire à son électorat populaire, qui commence à s'intéresser à la présidentielle et qui vit souvent en zones rurales ou périphériques, où la voiture est indispensable pour aller travailler et pour laquelle le litre d'essence ou de gazole coûte désormais plus de deux euros, tandis que les prix de l'alimentaire, eux aussi, grimpent. "Ne craquez jamais", l'encourage Maryvonne, retraitée de 70 ans qui ne donne également que son prénom. "Comme le peuple français, droit, fort et débout", lui répond Marine Le Pen.
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Pour obtenir cette baisse des prix à la pompe, la candidate d'extrême droite propose de ramener de 20% à 5,5% la TVA sur l'électricité, le gaz, et les carburants. Une idée lancée dès l'automne qui lui a permis de se différencier de son rival Éric Zemmour, accusé de rester focalisé sur l'immigration et qui attire un électorat plus bourgeois. Coût de cette mesure : 12 milliards d'euros, que la candidate entend financer par des "économies" sur l'immigration, la fraude, ou la contribution de la France à l'UE. Mais avec le choc énergétique de la guerre en Ukraine, Marine Le Pen a dégainé une autre proposition consistant à annuler, tant que le baril dépasse les 100 dollars, les hausses de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) entre 2015 et 2018.
Gilets jaunes
Celles décidées justement par son adversaire Emmanuel Macron, quand il était ministre puis président, et dont la dernière avait contribué à l'émergence du mouvement des Gilets jaunes, souligne-t-elle. Marine Le Pen entend ainsi se différencier du président sortant qui, en pleine crise russo-ukrainienne, s'envole dans les sondages au-dessus de 30%, quand elle conforte sa deuxième position mais assez loin, à 18%. "Faut aider les Ukrainiens mais faut aussi aider les pauvres de son pays", avance Kathy Dal, 50 ans, en distribuant des tracts dans le sillage de Marine Le Pen.
La candidate déplore que Valérie Pécresse pour LR et son rival Éric Zemmour, dans leur débat "pathétique" de la veille, n'aient pas parlé de "l'aggravation terrible du pouvoir d'achat". Elle les trouve "complètement déconnectés du bien-être" des Français et ça ne lui donne "pas envie" de débattre avec eux. En meeting à Bouchain, dans le Nord, vendredi soir, après un la visite de commerces à Denain, elle vantera ces mesures en même temps que des baisses d'impôts pour les indépendants.
Dans l'esprit d'aider les "petits" contre les "gros", la candidate nationale-populiste a promis jeudi de "taxer" les groupes pétroliers, qui "font de très bonnes affaires", selon elle avec les hausses de prix des carburants. Une manière pour la candidate RN à la présidentielle de faire oublier sa proximité passée avec Vladimir Poutine, dont elle condamne l'offensive militaire en Ukraine, tout en continuant à critiquer les sanctions.