C'est une victoire nette et sans bavure. Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République, en battant largement la candidate d'extrême droite Marine Le Pen. Avec 66,10% des voix, l'ancien ministre de l'Économie se place ainsi au troisième rang des présidents les mieux élus en termes de pourcentage, derrière Jacques Chirac en 2002 (82,5% des voix) et le général de Gaulle, élu au premier tour avec 78,5% des voix en 1958 (au suffrage universel indirect).
Mais plusieurs éléments permettent de relativiser l'ampleur de son succès.
- Deux tiers des votants, mais moins de la moitié des inscrits
D'abord, ce second tour a été marqué par une forte abstention : plus d'un inscrit sur quatre (25,44%) ne s'est pas déplacé dans son bureau de vote dimanche. Un chiffre jamais atteint depuis 1969, où seulement 68,8% du corps électoral s'était exprimé. Contrairement à 2002 où la présence du Front national avait mobilisé au second tour, en 2017, la participation a même nettement reculé par rapport au 1er tour (22,23%). Du coup, Emmanuel Macron a été élu avec "seulement" 43,63% des voix de l'ensemble des inscrits.
Record de votes blancs et nuls. Avec les votes blancs et nuls, c'est même plus d'un Français sur trois qui a refusé de choisir dimanche entre les deux candidats : 8,56%. Cela constitue un record absolu, balayant le précédent, datant de… 1969, encore. À l'époque, 6,42% des votants avaient refusé de trancher entre Georges Pompidou et Alain Poher. Les blancs et nuls sont aussi près de deux fois plus nombreux qu'en 2012, où 2,15 millions de personnes (5,82% des votants) n'avaient pas choisi entre François Hollande et Nicolas Sarkozy.
Vingt millions de voix pour Macron. Au total, Emmanuel Macron a donc obtenu près de 21 millions de voix (20.753.798 exactement), sur près de 47 millions de personnes inscrites sur les listes électorales. Son score, plus élevé que ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy en 2007 (19 millions de voix), François Hollande en 2012 (18 millions), ou encore François Mitterrand en 1988 et Valéry Giscard d'Estaing en 1974 (13,4 millions), reste néanmoins inférieur à celui de Jacques Chirac en 2002. Face à Jean-Marie Le Pen, le chef de l'État sortant avait recueilli 25,5 millions de suffrages. Cette année-là, le corps électoral était plus petit de six millions par rapport à celui de 2017. Reste que le Corrézien est encore à ce jour le seul à avoir été élu avec plus de 50% des inscrits (62%).
Un record pour l'extrême droite. Marine Le Pen, elle, totalise plus de 10,6 millions de voix (10.644.118 exactement), dépassant largement son précédent record du premier tour (plus de 7,6 millions de voix). En comparaison, son père Jean-Marie Le Pen n'avait quasiment pas progressé face à Jacques Chirac entre les deux tours en 2002 (17,79%, 5.525.032 de voix).