Marine Le Pen a été réélue à la tête du Rassemblement national, dimanche, pour un quatrième mandat en vue de l'élection présidentielle. Mais reste-t-elle la "meilleure" candidate de l'extrême droite pour 2022 ? Invité d'Europe 1, dimanche, Jean-Yves Camus affirme qu'en dépit des déclin prédits au RN, dont dernièrement l'échec aux élections régionales, "un parti politique est une dynamique sociale, idéologique", explique-t-il, ajoutant que l'"on ne sait pas de quoi sera faite la présidentielle de 2022".
En effet, précise le spécialiste, s'il est assuré que Marine Le Pen portera les couleurs du RN, "on ne sait pas si Éric Zemmour sera candidat, et l'on n'a pas le candidat de la droite".
L'économique et le social, embryonnaires dans le discours de Zemmour
La candidature d'Éric Zemmour pourrait-elle alors changer la donne dans cette partie de l'échiquier politique ? "Si ça trouble la donne, je suis persuadé que ça troublera autant à droite que chez les partisans de Marine Le Pen", estime Jean-Yves Camus.
"Éric Zemmour parle principalement sur les sujets qui sont les sujets régaliens et identitaires, et c'est ce qui trouble le plus la frange la plus droitière des électeurs de LR", développe le politologue. "Par contre, Marine Le Pen conserve un avantage sur un point qui est quand même parmi les préoccupations majeures des électeurs : l'économique et le social où le discours d'Éric Zemmour, pour l'instant, est très, très embryonnaire."
La seule notoriété médiatique ne peut suffire
Le fait qu'Éric Zemmour ne soit pas adossé à un parti et à des signatures est-il un frein à une éventuelle candidature ? "La preuve contraire est administrée par Emmanuel Macron", répond Jean-Yves Camus, évoquant l'actuel président de la République, qui a véritablement structuré son parti après avoir été élu à l'Élyée. "Mais tout de même, cela reste une exception dans l'histoire de la Ve République", précise-t-il. Selon lui cependant, "à défaut d'un parti, il faut au moins quelque chose qui ressemble à un mouvement", dit-il, rappelant que les candidats à la présidentielle doivent récupérer un certain nombre de parrainages.
"Il y a ensuite une campagne à conduire et un tour de France à mener pour aller à la rencontre des Français", achève Jean-Yves Camus, estimant que tout cela ne se fait pas avec une seule notoriété médiatique. "Notoriété médiatique qui, d'ailleurs, baissera naturellement lorsque nous serons dans la campagne officielle, puisque le temps dont Éric Zemmour dispose comme chroniqueur sera alors compté comme temps de propagande électorale."