Christiane Taubira, qui avait jusqu'à présent rejeté la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle, a finalement déclaré qu'elle envisageait une candidature face à l'impasse d'une gauche plus que jamais divisée. Invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1 dimanche, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, a jugé que "sa candidature ne fait que rajouter à la confusion" à gauche.
"Je reste étonné par cette idée de l'unité à tout prix sans jamais s'interroger sur le fond et sur ce qui rapproche les uns et les autres. Une des raisons de la crise de la gauche était lié au fait qu'il y avait des gauches irréconciliables. C'est-à-dire que les projets, la pensée, le regard sur le monde et sur la société française et les propositions, étaient tellement éloignés que cette union était factice et impossible. Donc la candidature possible, probable, de Christiane Taubira, ne fait que rajouter de la confusion de mon point de vue", a-t-il estimé.
"La gauche est dans une impasse historique"
Pour Manuel Valls, la gauche est en effet dans "une impasse politique, historique, majeure depuis des années". "C'est un phénomène global et mondial. On n'a pas su tirer les conséquences mais je ne vais pas m'étendre sur la chute du mur de Berlin. On n'a pas su trouver les réponses à la globalisation économique qui a mis en cause l'Etat providence et l'Etat social sur lequel la social-démocratie européenne était assise", a poursuivi l'ancien Premier ministre. "Et surtout, la gauche n'a pas su répondre au surgissement de l'âge identitaire qui a commencé le 11 septembre 2001 et elle s'est enfermée dans le passéisme et dans un pessimisme mortel."
Il a également affirmé que c'est pour cette raison que toutes les tentatives pour sortir la gauche de cette impasse sont vouées à l'échec. "Parfois elles sonnent comme ridicules", a-t-il ajouté. Pour autant, Manuel Valls a assuré continuer de penser que la gauche représente le progrès. "C'est le progrès collectif et individuel, c'est l'émancipation de chacun... Mais elle doit se réinventer", a-t-il encore lancé. "Le socialisme, comme théorie, est mort."
"Il n'y aucune rancœur chez moi parce que la politique m'a donné tellement de belles choses. C'est grâce à la politique je suis d'une certaine façon devenu Français. Mais il y a une forme de tristesse", a enfin avoué l'ex-député de l'Essonne. "Parce que j'ai eu raison sur un certain nombre de choses."