À 24 jours de la présidentielle, Emmanuel Macron dévoile les principales lignes de son programme. Le président-candidat, toujours pris par la guerre en Ukraine, a pris le temps lors d'une conférence de presse aux Docks de Paris d'évoquer les thèmes centraux de sa campagne. Emmanuel Macron a avancé ses propositions sur les aides sociales, l'emploi, les retraites, l'école ou encore la santé. Europe 1 fait le point.
Une réforme du RSA avec "15 à 20 heures d'activité hebdomadaire"
D'abord, le président sortant a évoqué une réforme du RSA avec "un meilleur équilibre des droits et devoirs" et "l'obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine" à une activité facilitant l'insertion professionnelle. "Les bénéficiaires du RSA ont en quelque sorte été les victimes de notre mauvaise organisation collective et notre nation s'est organisée d'abord en divisant les compétences", a déploré le président sortant, en considérant que "personne ne considère que cette dignité est reconnue, respectée, avec une prestation". Emmanuel Macron a également proposé une transformation de Pôle Emploi rebaptisé "France Travail".
Le versement automatique des aides sociales
Emmanuel Macron s'est engagé, s'il est réélu, à faire verser les aides sociales "à la source", de manière automatique, ce qui selon lui bénéficierait aux "20 millions de Français" qui touchent le RSA, la prime d'activité, des aides au logement ou des allocations familiales. Reprenant cette promesse de 2017, il a dit vouloir "simplifier" ces aides afin que tous les Français qui y ont droit puissent les percevoir, mais aussi pour lutter contre la fraude.
L'école et la santé, deux "chantiers majeurs"
Le président-candidat a déclaré jeudi que l'école et la santé seraient "deux chantiers majeurs" de son second quinquennat, s'il était réélu, en promettant une "nouvelle méthode" basée sur "une large concertation". "Sur l'école et la santé, force est de constater" que la politique mise en œuvre depuis 2017 "a suffi", a-t-il reconnu en présentant son programme pour la présidentielle.
Il faut donc "qu'on arrive à mobiliser différemment les énergies" pour "redonner à celles et ceux qui font au quotidien la possibilité d'adapter les solutions aux réalités de terrain et sortir en quelque sorte de la guerre de position dans laquelle on est", a-t-il ajouté. Il s'agit donc de "changer de méthode collectivement" et, pour l'école, "débuter par une large concertation pour discuter de la meilleure manière d'atteinte des objectifs (...) en mettant toutes les parties prenantes autour de la table".
Dans le cadre d'"un pacte nouveau pour les enseignants", "il faudra poursuivre de manière significative l'augmentation des rémunérations", qui sera liée à "la définition de nouvelles missions", selon Emmanuel Macron. Des mesures seront prises pour garantir le "remplacement des professeurs absents parce que nous devons à nos élèves et leurs parents l'intégralité des heures d'enseignement".
Le candidat entend aussi donner "plus de liberté pour les établissements" afin de "valoriser l'expertise de terrain", comme il l'a annoncé dans le cadre du plan de relance de Marseille. Dans le chantier de la santé, "nous devons réussir à aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort", notamment en renforçant "la politique de prévention", "la simplification de l'hôpital et de sa gouvernance" et l'amélioration de "l'accès aux soins en urgence". Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé jeudi l'organisation d'"une grande conférence" sur le système de santé si Emmanuel Macron était réélu en avril.
Un programme évalué à 50 milliards d'euros
Emmanuel Macron a évalué le coût de son programme pour la présidentielle à 50 milliards d'euros par an, auxquels s'ajouteront 15 milliards par an de baisses d'impôts, pour moitié bénéficiant aux ménages, pour moitié aux entreprises. Ces dépenses, en particulier pour l'éducation, la santé et l'autonomie, seront financées notamment par des économies par la réforme des retraites, avec le report de l'âge de départ à 65 ans, et sur les allocations-chômage, a-t-il estimé.
Concernant les retraités, il veut également que les personnes âgées puissent adapter leur logement grâce une "prime adapt'" sur le modèle de la prime renov. Il promet d'embaucher 50.000 infirmiers et aides-soignants en Ehpad.
Une "convention citoyenne" sur la fin de vie
Emmanuel Macron a estimé qu'une "convention citoyenne" serait adaptée pour trancher le débat sur la fin de vie dans le cadre d'un éventuel second mandat. "Sur ce sujet, je souhaite que nous puissions avancer de manière apaisée, c'est pourquoi je pense que c'est un bon sujet pour une convention citoyenne", a fait valoir le président sortant, en ajoutant que "sur la base des conclusions" d'une telle Convention, il soumettrait "à la représentation nationale ou au peuple le choix d'aller au bout du chemin qui sera préconisé", c'est-à-dire par référendum.
Le président-sortant a également fermé la porte à l'instauration de la GPA.
Une refondation du pacte entre "l'armée et la nation"
Tirant les leçons de la guerre en Ukraine, le président-candidat a plaidé pour une "refondation du pacte" entre "l'armée et la nation". Il a aussi souhaité "intensifier" les investissements "pour pouvoir affronter une guerre de haute intensité, qui peut "revenir sur notre continent". Il faut "réfléchir à comment nous arrivons à renforcer, redonner de la vitalité à ce pacte" qui est "si essentiel", a-t-il poursuivi, évoquant "la généralisation du service national universel" ainsi que "l'augmentation des réservistes qui seront doublés".
Pour l'immigration, des procédures d'éloignement plus rapides
Le candidat Emmanuel Macron veut la mise en place de procédures d'éloignement plus rapide et effective, et en particulier avec un système qui fera que le refus d'asile vaudra obligation de quitter le territoire français. Il veut encore durcir la politique de visas si les Etats ne coopèrent pas "avec une politique de retour". En retour, il veut lutter contre les discriminations en recourant au "testing sytématique" dans les entreprises.
Augmentation de l'abattement en ligne directe pour les droits de succession
Emmanuel Macron annonce vouloir augmenter l'abattement en ligne directe soit d'un parent vers son enfant de 100.000 à 150.000 euros. Il propose aussi de revoir l'abattement en ligne indirecte.
Avancer sur l'autonomie de la Corse
Emmanuel Macron a estimé jeudi qu'"il faut maintenant qu'un processus de travail s'enclenche" sur l'autonomie de la Corse, mais avec au préalable un "retour au calme" sur l'île. "Le débat sur l'inscription de la Corse dans la Constitution, la question des compétences et éventuellement de l'autonomie n'est pas un débat tabou. Vous me l'avez entendu dire comme candidat il y a cinq ans et comme président il y a plus de quatre ans", a déclaré le président-candidat.
Mais "c'est un débat qui ne peut se tenir tant qu'il n'y a pas le calme absolu, et c'est un débat qui suppose de clarifier ce qu'on y met derrière" cette notion d'autonomie, a ajouté Emmanuel Macron.
Énergies, agriculture, institution : les dernières propositions de Macron
Le président-candidat veut "changer la formation des prix" du mécanisme européen des prix de l'énergie. Il annonce aussi vouloir "reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs acteurs industriels". Aussi, il veut "investir massivement pour l'indépendance agricole" et promet une loi d'orientation sur l'installation, le foncier, la formation et l'accompagnement des agriculteurs. Il souhaite aussi que les objectifs du programme européen farm to fork soient revus.
Le candidat veut renforcer l'autonomie des universités. Il envisage aussi d'y développer "davantage de filières courtes et professionnalisantes". Il souhaite "positionner les organismes de recherche sur les secteurs stratégiques pour l'indépendance française". Il s'est dit également en faveur d'un "métavers européen", en référence à la création de Facebook. Par ailleurs, il a redit sa volonté de supprimer la redevance.
Enfin, Emmanuel Macron veut lancer une commission transpartisane pour rénover les institutions. Il veut garder un "exécutif fort", mais un parlement avec des missions de contrôle renforcées. Il a redit son goût pour la proportionnelle. Il reprend une mesure décidée par Nicolas Sarkozy mais enterrée sous François Hollande, la création du conseiller territorial.