Les candidats n’ont plus que cinq jours pour faire campagne, jusqu’à vendredi minuit. Avec des sondages qui mettent Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon dans la marge d’erreur - donc tous qualifiables pour le second tour -, les postulants à l’Elysée devraient jeter toutes leurs forces dans cette dernière bataille. Et on peut déjà tabler sur une disparition pour ces cinq derniers jours : celle de la subtilité. Dans un contexte où tout le monde croit avoir sa chance, les états-majors sont d’accord sur une chose : pour faire basculer le vote, surtout celui des indécis, il va falloir faire du gros rouge qui tache.
La peur pour motiver les indécis.Marine Le Pen, François Fillon, et Emmanuel Macron vont ainsi nous expliquer que Jean-Luc Mélenchon, c’est l’arrivée des chars soviétiques à la Concorde. Le leader de la France insoumise, de son côté, va vouloir nous démontrer qu’Emmanuel Macron et François Fillon, indifféremment d’ailleurs, c’est la promesse d’une destruction totale de notre modèle social. Marine Le Pen devrait accuser Emmanuel Macron d’être un communautariste, ami des islamistes, et ce dernier va essayer de démontrer qu’il n’y a aucune différence entre la dirigeante frontiste et son père. Bref, ils vont tous se caricaturer les uns les autres, avec, comme ressort principal pour motiver le vote, la peur.
La France, "une maison divisée". Une fin de campagne est toujours un moment de crispation. On ne retient plus ses coups, on essaie de faire chuter l’adversaire par tous les moyens. Mais cette fois-ci, il y a une spécificité, un nouveau clivage, profond, sérieux. La France prend, en cette fin de campagne, les allures d’une "maison divisée". Vous connaissez cette expression historique "la maison divisée" ? Elle est tirée d’un discours d’Abraham Lincoln en 1858, dans lequel il mettait en garde la nation américaine sur la question de l’esclavage. Trois ans plus tard éclatait la guerre de sécession.
Réconcilier les Français. Il ne s’agit pas d’annoncer un risque de guerre civile dans la France de 2017 - nos institutions sont puissantes - mais juste de pointer que le vieux clivage droite/gauche est en train de s’effacer pour laisser place à un désaccord bien plus fondamental, entre d’un côté les Français qui vont bien et qui n’ont pas peur du monde et, de l’autre, ceux qui sont exclus de la prospérité, qui ne voient plus autour d'eux que des ennemis, des prédateurs dont il faut se protéger. Quels que soient les résultats dimanche 23 avril et dimanche 7 mai, s’il veut réformer le pays le nouveau Président devra commencer par réconcilier les Français.