Une participation moyenne, un duel entre deux candidats irréconciliables, et le très à gauche Benoît Hamon favori pour l’emporter… Tout est bon pour Macron, au lendemain du premier tour de la primaire du PS et de ses alliés. Incontestablement, l'ex-ministre de l'Economie est l'un des grands gagnants de la soirée.
- Le camp Macron jubile
D’ailleurs, si le ministre de l’Economie observe une discrétion toute stratégique, rendue plus simple par ses actuels voyages au Liban puis en Jordanie, ses soutiens sont eux plus prolixes. Ils relaient ainsi dans Le Parisienune analyse lapidaire mais éloquente de leur champion : "c'est bien la preuve qu'il ne fallait pas aller à la primaire". Certains ne cachent pas leur joie. "Manuel Valls va perdre au second tour ! La providence continue de s'occuper de Macron, qui va encore gagner 2 à 3 % dans les sondages", clame ainsi un proche dans le même quotidien.
D’autres se contentent d’une analyse plus froide, mais où pointe tout de même une satisfaction certaine. "Les deux finalistes ne sont d’accord sur rien. Ils seront dans l’incapacité de se réconcilier, de porter une dynamique. C’est pour ça que nous disons depuis longtemps que le rassemblement des progressistes doit se faire autour d’Emmanuel Macron", a jugé Richard Ferrand, délégué général d’En Marche !, sur France 2. "Manuel Valls et Benoît Hamon ont chacun leur sincérité, mais avec des différences telles qu’on ne voit pas comment dimanche soir la réconciliation est possible", a abondé le porte-parole du mouvement, Benjamin Griveaux, préfigurant un appel aux électeurs de Manuel Valls à se tourner vers Emmanuel Macron si le Premier ministre était battu dimanche prochain.
- Hamon, le meilleur candidat possible
Pour le fondateur d’En Marche !, Benoît Hamon est incontestablement le meilleur adversaire possible, plus encore qu’Arnaud Montebourg, un temps favori et lui aussi classé à gauche. Avec son revenu universel, sa volonté de baisser le temps de travail, d’accueillir tous les réfugiés ou presque, Benoît Hamon incarne une gauche que certains, Manuel Valls en tête, qualifient d’utopistes. A l’inverse, l’ancien premier ministre se situe sur un terrain politique, fait de réalisme, de libéralisme économique et de réformisme, proche d’Emmanuel Macron. Les déçus du résultat de la primaire, si c’est Benoît Hamon qui la remporte, pourraient donc le rallier. La conclusion est simple : c’est face à Benoît Hamon que l’ex-ministre de l’Economie a le plus de chances de faire un meilleur score.
Cette analyse est partagée à droite aussi, en témoigne ce tweet d’Yves Jego, président de l’UDI.
Si la gauche socialiste veut faire barrage au hold-up de @EmmanuelMacron elle fera gagner @manuelvalls le 29 contre tous les pronostics
— Yves Jégo (@yvesjego) 22 janvier 2017
Et les sondages confirment. La différence, pour Emmanuel Macron, est sensible en fonction de son adversaire. Dernier exemple en date : selon une étude Ipsos publiée dimanche, l’ancien ministre de l’Economie est crédité de 18% d’intentions de vote s’il affronte Manuel Valls. Un score qui passe à 20% en cas de candidature Hamon. Pas négligeable pour celui qui semble bien installé à la place de troisième homme de la présidentielle, et qui peut encore espérer aller chercher la qualification au second tour. Dans un match à trois qui s’annonce, à l’heure qu’il est, serré, chaque voix comptera.
- Pas d’élan né de la primaire
Enfin, la dernière bonne nouvelle pour Emmanuel Macron vient de la participation au premier tour de la primaire. Au mieux, 1,7 million de personnes se sont déplacées aux urnes. C’est mieux que l’objectif défini par le PS - 1,5 million – mais ça reste quand même largement insuffisant pour conférer à son vainqueur, si le chiffre n’évolue pas nettement à la hausse dimanche, un élan suffisant pour aborder au mieux la présidentielle. Et comme un plaisir ne vient jamais seul, les chiffres avancés par la haute autorité l’ont été dans un grand flou qui ouvre la porte aux suspicions de gonflage de la participation. Et plus la primaire sera un échec, plus cela validera la décision d’Emmanuel Macron de ne pas y participer.
Et alors qu’avec trois gros candidats - Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et le vainqueur de la primaire - la gauche n’a pratiquement aucune chance de l’emporter à la présidentielle, se posera aussi la question, la question des alliances ou des ralliements sera nécessairement posée dans les semaines à venir. "Lorsque nous y verrons plus clair, lorsque toutes les candidatures seront sur la table, alors il y aura des choix à faire", avait prévenu Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, sur France 3 le 15 janvier dernier. Avec une participation faible, c’est bien le fondateur d’En Marche ! qui sera en position de force.