C'est une hausse en cascade. Les prix du gaz flambent et avec eux, ceux de l'électricité. Un jeu de domino lié notamment aux règles du marché européen de l'énergie, qui indexe en partie le coût de l'électricité sur celui du gaz. À l'heure où, grâce au nucléaire, la France produit de l'électricité peu chère, cette règle agace donc. Mais pour Clément Beaune, secrétaire d'État en charge des Affaires européennes invité sur Europe 1 mardi, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Et s'il "y a des choses à changer" au niveau de l'Union européenne, "le marché européen reste un avantage énorme pour la France". Explications.
Pourquoi les prix explosent
Du côté du gaz, "les prix augmentent massivement parce que la reprise économique est plus forte que prévu, notamment en Chine, ce qui tire les prix vers le haut", détaille Clément Beaune. Dans le même temps, "de grands producteurs dont l'Europe, et donc la France, dépendent, baissent leur production", à l'instar de la Russie ou de la Norvège. Logiquement, les prix du gaz explosent donc.
Mais pourquoi ceux de l'électricité suivent-ils le même chemin alors qu'en France, le nucléaire permet théoriquement d'en produire à bas coût ? Parce qu'ils sont tirés vers le haut par une règle européenne : le tarif de l'électricité ne doit jamais être inférieur au coût de production de n'importe quelle centrale en Europe. Centrale qui est généralement à charbon ou au gaz, donc beaucoup plus chère.
Plaidoyer pour le marché européen
Le système peut paraître vicié au premier abord, mais Clément Beaune nuance ce constat. "Le marché européen de l’énergie est un avantage énorme pour la France. EDF exporte pour plusieurs milliards d’euros en Europe." En effet, le leader de l'énergie en France produit grâce au nucléaire pour un coût bas, puis revend sur le marché européen à des prix élevés, puisqu'indexés. "EDF va faire plusieurs milliards d'euros de bénéfices", avance le secrétaire d'État.
Reste que dans l'immédiat, ces règles européennes pèsent sur la facture énergétique. Clément Beaune assure que le gouvernement fait le maximum en agissant sur deux leviers. D'abord, "à court terme, des mesures de pouvoir d'achat", incarnées par le "bouclier tarifaire" promis par le Premier ministre Jean Castex. Ensuite, en tapant du poing sur la table au niveau européen, comme l'a fait le ministre des Finances Bruno Le Maire lundi. "Il y a des choses à changer", confirme Clément Beaune, "mais c'est une réponse de moyen terme" car aucun changement n'est à attendre avant au moins six mois.