Olivier Faure PS Europe 1 3:37
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Pauline Rouquette , modifié à
Dans le Grand Rendez-vous sur Europe 1 dimanche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que le projet de loi contre le séparatisme, qui sera débattu par les députés lundi, "ne règlera rien à la question du séparatisme". Le socialiste a par ailleurs mis en garde sur les risques de "surenchère".
INTERVIEW

"Toute la difficulté est que l'on a un texte dont on ne sait pas très bien quel est l'objectif", affirme Olivier Faure. Invité dimanche du Grand rendez-vous d'Europe 1-Les Échos-CNews, le premier secrétaire du Parti socialiste a assuré que le projet de loi contre le séparatisme - qui arrive lundi à l'Assemblée nationale - "ne règlera rien à la question du séparatisme une fois qu'il aura été adopté". Pour lui, le risque d'un tel texte est la "surenchère" qui peut en découler.

"L'équilibre de ce texte, c'est qu'il n'en a pas"

Le danger, poursuit Olivier Faure, "c'est de voir des gens se lancer dans des concours Lépine de qui sera le plus brutal et le plus discriminant". L'objectif affiché est, selon l'exécutif, de "conforter le respect des principes de la République" et de permettre une lutte plus efficace contre l'islamisme, "terreau" du terrorisme djihadiste. Mais selon Olivier Faure, il présente le risque de devenir "l'occasion pour beaucoup de déverser leur haine".

"Ne croyez pas que demain, tout ce qui fonde le séparatisme va disparaître", pointe le premier secrétaire du PS. "L'équilibre de ce texte", poursuit-il, "c'est qu'il n'en a pas". Olivier Faure reproche au projet de loi de s'inscrire davantage dans une forme de répression, "qui va serrer la vis" et auquel il manque "un volet d'accueil, de non-discrimination et de lutte contre le racisme".

"Des esprits fragiles abandonnés par la République française"

"Quand il faut lutter contre les séparatismes, il faut lutter contre les racines du séparatisme, qui ne sont pas uniquement dans l'islamisme politique et radical", abonde Olivier Faure, qui estime que le texte manque "cruellement" de dispositions sur les quartiers. "Comment se fait-il que l'on continue à vivre avec des grands discours mais que le plan Borloo n'est pas appliqué ?", interroge le socialiste. "On nous fait de grands discours, moi je n'y crois plus. Les Français ont pu se dire 'le président parle bien', oui, mais il agit mal !"

Olivier Faure veut du concret, des résultats, "pas du blabla", dit-il. "Aujourd'hui, les inégalités progressent, et qu'est-ce qui permet aux islamistes radicaux de trouver des oreilles attentives sinon cette discrimination, ces inégalités, cette disparité territoriale ?", s'emporte-t-il. "Ils peuvent aller chercher des esprits qui sont fragiles parce qu'ils sont abandonnés par la République française."