A priori, le congrès du Parti socialiste, qui commence vendredi, s'annonce calme. Le vote des militants, qui ont opté à 60% pour la motion de Jean-Christophe Cambadélis soutenue par l'exécutif, a plié le match. Mais un motif de suspense demeure : Martine Aubry, qui a fini par rallier la motion Cambadélis, donnera-t-elle tout de même de la voix ?
Dans le Nord, pro et anti-Aubry s'affrontent. Pour comprendre les raisons de cette éventualité, il faut s'intéresser aux remous qui agitent la fédération PS du Nord. La maire de Lille est en difficulté dans son fief. Jeudi, les adhérents éliront le premier secrétaire de cette fédération, historiquement l'une des plus importantes du parti. Le titulaire du poste est l'eurodéputé aubryste Gilles Pargneaux, candidat à sa réélection. Or, comme le rapportent L'Opinion et Libération, les adversaires locaux de Martine Aubry poussent une autre candidate, Martine Filleul.
Le duel Aubry/Kanner. Ce bras de fer risque d'envenimer un congrès qui s'annonçait apaisé. Car à la tête des anti-aubrystes, on trouve Patrick Kanner, nommé ministre de la Ville lors du remaniement d'août dernier. Une promotion peu goûtée par Martine Aubry, qui refuse qu'on le présente comme l'un de ses proches. Depuis, les relations entre ces deux barons du Nord sont glaciales. En décembre dernier, Patrick Kanner s'était d'ailleurs ému dans une interview que sa nomination ait été passée sous silence par le journal municipal de Lille...
Prendra-t-elle la parole ? Martine Aubry va-t-elle profiter du congrès du Poitiers pour mettre la pression sur le gouvernement et exiger de Manuel Valls qu'il rappelle à l'ordre son ministre ? Imprévisible, la maire de Lille laisse planer le mystère sur ses intentions : s'exprimera-t-elle à la tribune ou pas ? L'Opinion avance qu'elle prendra la parole samedi après-midi, juste après le discours de Manuel Valls. Mais le député PS François Lamy, l'un des fidèles de Martine Aubry, affirme qu'elle ne parlera pas. "Il n'en a jamais été question", a-t-il assuré à La Voix du Nord. Reste que les amateurs de petites phrases ne seront peut-être pas si déçus que ça à Poitiers.