Gérald Darmanin a annoncé lundi qu’il participerait à la manifestation de policiers prévue mercredi devant l’Assemblée nationale en soutien à leur collègue tué à Avignon. Une annonce du ministre de l’Intérieur qui a, sans surprise, suscité l’indignation des oppositions, de gauche comme de droite. "C’est très étonnant. C’est la première fois qu’on voit un ministre de l’Intérieur manifester contre sa propre inaction", a ainsi lancé François-Xavier Bellamy sur Europe 1, mardi. "Quand on est ministre de l’Intérieur, on a mieux à faire que de manifester", a insisté le député européen Les Républicains.
"Un espèce de en même temps absurde"
"Il s'agit d'une manifestation organisée par des policiers qui disent leur colère, leur désespoir même, devant la violence qui les frappe tous les jours, toutes les nuits, une violence qui se déploie en toute impunité", a rappelé François -Xavier Bellamy. "Et le ministre de l'Intérieur vient, alors qu'il fait partie de ce gouvernement qui se vante d'avoir sorti 13.500 détenus de prison à l'occasion de la crise sanitaire. Il y a quelque chose d'indécent dans le fait de vouloir assumer, dans une espèce de 'en même temps' absurde, à la fois cette politique complètement laxiste du point de vue judiciaire et en même temps de venir manifester aux côtés des policiers."
"Si le gouvernement continue comme ça, le ministre de l'Intérieur deviendra le ministre des coups de menton et des condoléances. Je ne crois pas, malheureusement, que ce soit de très bon augure pour la sécurité", a encore taclé l'eurodéputé. "C'est évidemment très bienvenu qu'il apporte son soutien. Mais le soutien que les policiers et les gendarmes attendent, c'est celui de l'action du ministre chargé de les représenter. C'est celui de la reconstruction d'une chaîne pénale qui soit efficace."
"Le principal, c'est de se donner les moyens de faire appliquer les peines"
François-Xavier Bellamy a profité de la proposition d'un député LREM d'engager la responsabilité des parents de mineurs délinquants pour insister encore sur le manque d'efficacité de la justice. "Le principal n'est pas de faire preuve de créativité juridique pour produire de nouvelles peines, c'est de se donner les moyens de faire appliquer les peines", a-t-il affirmé. "Parce qu'il y a aussi un défi éducatif. Et il n'y a rien de pire sur le plan éducatif que de promettre une sanction et de ne pas l'appliquer."
Et pour l'eurodéputé, le problème réside aussi dans le manque de moyens alloués à la justice. "En Allemagne, vous avez 25 juges pour 100.000 habitants. En France, vous en avez dix. La moyenne européenne, c'est 12 procureurs pour 100.000 habitants. En France, on en a trois. Si la France doublait le nombre de places de prison dont elle dispose, elle rejoindrait à peine la moyenne européenne", a-t-il énuméré.