Emmanuel Macron rencontre, lundi à 17 heures, les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat dans les locaux du CESE à Paris pour une "discussion franche et directe", sur fond de tensions. Alors que les premiers arbitrages pour le projet de loi Climat, issu de leurs propositions, ont été jugés trop timides par certains conventionnaires, le président de la République va "calmer le jeu", explique un macroniste.
Des réponses attendues
Emmanuel Macron veut échanger librement avec les membres de la Convention, et prendra pour cela le temps qu'il faudra. "Il va les entendre, éclaircir certains points s'il y a des inquiétudes", explique-t-on dans son entourage.
En effet, du côté des membres de la Convention, les inquiétudes sont nombreuses. Certains conventionnaires ne cachent pas leurs craintes de voir leurs propositions détricotées, alors que le chef de l’Etat s'était engagé à les reprendre "sans filtre", trois exceptions mises à part. Mais depuis, il y a eu ces petites phrases, sur les "amish" par exemple - "Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine", avait-il raillé - ou encore "je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c’est la Bible ou le Coran", lancé récemment.
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Annonce de certains arbitrages ?
Il va donc falloir "crever l’abcès", estime un conseiller ministériel qui concède que le 'sans-filtre', clamé par Emmanuel Macron, "est devenu un totem qui nous a tous handicapés". Le chef de l'Etat va donc faire le point sur le projet de loi climat, issu de leurs propositions, qui est en cours d'élaboration. Il pourrait annoncer certains arbitrages. L'idée d'un référendum sur une modification de la constitution sera certainement abordée. Emmanuel Macron s'y était montré favorable et "la question n'est pas écartée", assure son entourage.
Cette troisième réunion n'était à l’origine pas prévue dans le processus. Certains conventionnaires feront le déplacement, d'autres suivront par visio-conférence. "Ça va être long", anticipe un participant qui estime à 3 ou 4 heures de discussion à bâtons rompus. L'Elysée a d’ailleurs conseillé aux citoyens qui feront le déplacement à Paris de prévoir un hôtel pour le soir.
Parmi les conventionnaires, Agnès Catoire qui avait boycotté les réunions de la semaine dernière, sera présente. Cette fois, elle vient avec l'espoir que le président de la République les surprenne. "J’espère qu’il ira plus loin et qu’il va prendre ses responsabilités. Maintenant qu’on sait qu’il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55%, et non plus de 40%, jusqu’en 2030. J'espère qu’il va au moins reprendre les mesures de la Convention citoyenne", confie-t-elle à Europe 1.
L'interdiction de la publicité sur les produits les plus polluants attendue
Les conventionnaires attendent surtout le Président sur deux mesures : l'obligation pour les propriétaires de rénover leur propre logement d'ici 2040 et l'interdiction de la publicité sur les produits les plus polluants.
Mais Grégoire Fraty, administrateur de l'association des 150 citoyens, veut absolument évoquer une troisième proposition : "Si j’avais une question à lui poser, ce serait sur notre opposition constitutionnelle de modification de l’article 1 et d’ajouter dans la Constitution que la République garantit la protection de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique. On a voulu se grand rendez-vous avec les Français via un referendum donc on aimerait bien savoir si c’est un nouveau joker ou pas", développe-t-il.
Nouveau joker ou annonce d'un référendum ? La confiance des 150 citoyens pourrait se jouer sur ce point.