"Que Mélenchon doute c'est normal" : l'eurodéputée Manon Aubry a justifié vendredi le temps pris par le chef de file de La France insoumise avant de s'exprimer sur sa place au sein du mouvement, plongé dans la crise au lendemain des élections européennes.
"Sans lui on serait aussi dans cette situation", a avancé celle qui a conduit la liste LFI ayant récolté 6,31% des voix le 26 mai, loin des 19,58% de la présidentielle et des 11% aux législatives. "Dans toute l'Europe, la gauche radicale rencontre des revers", a expliqué Manon Aubry. Interrogée sur le silence prolongé de Jean-Luc Mélenchon, qui a annoncé qu'il s'exprimerait après le 6 juin sur sa place au sein de LFI, elle a jugé : "Qu'il doute c'est normal, c'est un être humain, il n'est pas en colère, il réfléchit à quel peut être son rôle et comment il peut être le plus utile."
"Les doutes, ça peut être le moteur du changement"
"Les doutes c'est bien parfois, ça peut être le moteur du changement", et "LFI continuera bien après Jean-Luc Mélenchon", "une des voix" du mouvement, a-t-elle ajouté. Même si pour la présidentielle de 2022, il "peut être un très bon candidat parce qu'il est un excellent orateur et a fait la démonstration qu'il peut unir largement".
Faisant référence aux critiques de la députée Clémentine Autain qui a réclamé un changement de la ligne jugée trop clivante, tandis qu'Alexis Corbière et Adrien Quatennens jugent nécessaire de continuer à s'abstraire d'un ancrage explicite à gauche, Manon Aubry a déclaré : "C'est un faux débat que celui de populisme versus union de la gauche, on a des gens comme François Ruffin qui a été élu avec la bannière de LFI, du PCF et des Verts et qui incarne aussi ce populisme." L'avenir se situe selon elle dans des "actions citoyennes dans les quartiers populaires pour politiser les sujets du quotidien" et un discours tourné vers les électeurs de Marine Le Pen : "Notre feuille de route c'est de dire à tous ces gens-là, vous vous faites arnaquer par le RN, qui ne défend pas les intérêts des classes populaires, est contre l'augmentation du Smic et le partage des richesses."