Dix-huit mois, c’est long en politique. Jean-François Copé peut le mesurer qui, après un an et demi d’une cure de silence qui lui a largement été imposée, tente actuellement un retour sur le devant de la scène. Lui, l’ancien président de l’UMP, incontournable jusqu’à l'été 2014, tant par sa position que par son abattage médiatique, doit désormais compter ses soutiens, à l’Assemblée comme dans l’opinion. L’auteur du Sursaut français (sorti le 20 janvier) repart de loin. Et saura sous peu si il pour sérieusement envisager une candidature à la primaire de novembre 2016, ou s’il doit remiser ses ambitions pour les années à venir.
Un réseau encore solide. Difficile de trouver des députés ouvertement copéistes à l’Assemblée. Prudents face à la multitude de candidats, déclarés et potentiels, les élus Les Républicains attendent que les choses se décantent avant de se prononcer. Néanmoins, Jean-François Copé a pris soin de ménager ses réseaux parlementaires pendant sa mise en retrait. Tous les mardis matins, il a réuni dans son bureau de l’Assemblée les parlementaires qui le soutiennent encore, tels les députés Michèle Tabarot et Bernard Reynés, ou le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne. Selon Le Parisien, jamais moins d’une vingtaine d’élus, ce qui n’est pas anodin, quand on sait que les futurs candidats à la primaire auront besoin, entre autres, du parrainage de 20 parlementaire au moins pour pouvoir se présenter.
Le député de de Seine-et-Marne n’a d’ailleurs pas déserté le Palais Bourbon pendant 18 mois, à en croire le site nosdeputes.fr, qui se présente comme l’Observatoire citoyen de l’activité parlementaire. Jean-François Copé a certes été beaucoup moins présent en séance, mais il est resté présent en commission, et a donc gardé le contact avec ses collègues.
Une impopularité profonde. La situation est plus compliquée pour Jean-François Copé dans l’opinion. Même s’il a tout fait pour les faire oublier, le souvenir de la guerre des chefs de l’UMP et de l’affaire Bygmalion, qui ont plombé sa popularité, restent bien présents dans l’esprit des Français. Et la popularité - ou plutôt l’impopularité - du député-maire de Meaux s’en ressent encore.
Selon le tableau de bord Ifop-Fiducial de janvier 2016 pour Paris Match, 37% des personnes interrogées disent avoir une bonne opinion de Jean-François Copé. Loin derrière Alain Juppé (68%), François Fillon (57%) ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet (44%), mais devant Nicolas Sarkozy (33%), qui traverse actuellement une zone de turbulences. En revanche, l’ancien président de l’UMP est largement devancé par ces quatre rivaux potentiels pour la primaire de 2016 dans le baromètre Ipsos/Le Point, puisqu’il ne récolte que 20% d’avis favorable. Le travail de reconquête s’annonce donc long et fastidieux.
Gare au flop du come-back. Et pas sûr qu’il paye tout de suite. Malgré un plan com’ savamment orchestré, plusieurs signaux n’incitent pas franchement à l’optimisme pour Jean-François Copé. Sorti depuis deux jours, son ouvrage peine par exemple à se vendre, à en croire le classement des meilleures ventes de livres sur Amazon. Après un bond à la 44e place à 11 heures jeudi, Le Sursaut français est sortir du top 100 en fin d’après-midi. Pas franchement de bon augure, même si évidemment il est trop tôt pour présager du succès du livre.
Autre signe pas franchement encourageant : la première étape, dans le Nord, de son tour de France annoncé pour rencontrer les Français n’a pas été une franche réussite. Les médias étaient certes au rendez-vous, mais sa première réunion publique a viré au flop. Selon BFM, seules 53 personnes s’étaient déplacées pour l’écouter. Qu’il semble loin, le temps des meetings somptuaires de l’UMP ! L’enjeu est pourtant de taille pour Jean-François Copé. Si son retour sur le devant de la scène fait pschiiit, le maire de Meaux pourrait affronter une traversée du désert. Une vraie, cette fois.