Accusé de tergiverser sur le sujet, Emmanuel Macron présente vendredi son plan d'action contre les "séparatismes", principalement celui de l'islamisme radical, un dossier explosif à l'approche de la présidentielle. Le chef de l'État prononcera ce discours très attendu vers 10h30 à la mairie des Mureaux, dans les Yvelines, une ville de 30.000 habitants à une quarantaine de kilomètres de Paris, présentée comme "un lieu de vivre ensemble" et non "d'affrontement" par son maire François Garay (divers gauche).
En choisissant "ce territoire qui marque des points" selon l'Elysée, Emmanuel Macron cherche à envoyer un message positif sur un dossier où lui-même et sa majorité apparaissent mal à l'aise face aux feux croisés de la droite et de l'extrême droite, qui l'accusent de laxisme, et de la gauche, qui dénonce une stigmatisation des musulmans. Mais il s'exprimera dans un contexte rendu encore plus pesant par l'attentat au hachoir mené à Paris par un jeune Pakistanais vendredi dernier. Europe 1 fait le point sur les mesures attendues.
Insister sur la neutralité des services publics et réformer la loi de 1905
Emmanuel Macron utilise sciemment le pluriel pour parler "des" séparatismes, pour ne pas avoir l’air de stigmatiser telle ou telle religion. Mais en réalité, la cible principale est bien connue : "l’islamisme, c’est le premier séparatisme contre lequel lutter", précise un proche du président. Vendredi matin, Emmanuel Macron va dénoncer "ceux qui dévoient la religion pour remettre en cause les valeurs de la République", explique l’Elysée.
Selon nos informations, il devrait notamment insister sur la neutralité des services publics. Les préfets pourront retirer des délégations en cas de manquements. Et sujet encore plus explosif : la réforme de la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État. Il devrait ainsi annoncer l’obligation de déclarer la provenance des financements étrangers.
Des mesures sur les certificats de virginité, vers la fin des imams étrangers détachés
Il pourrait également détailler des mesures plus controversées contre les certificats de virginité délivrés par certains médecins avant un mariage religieux, la polygamie ou la privation d'héritage pour les filles. Emmanuel Macron devrait également développer les premières annonces qu'il avait faites en février à Mulhouse sur la fin des imams étrangers détachés.
Reçu mercredi à l'Elysée avec les autres représentants des cultes, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui affirme "partager totalement les objectifs" du texte, à savoir lutter "contre ceux qui instrumentalisent la religion musulmane à des fins politiques", mais dit se méfier d'éventuels "dégâts collatéraux". Emmanuel Macron, conscient que le sujet est inflammable, prévoit de longuement répondre aux questions des journalistes. Un exercice plus libre sur la forme et une manière de tenter de tuer les polémiques qui pourraient monter après ses annonces.