Que va faire Manuel Valls à Davos ?

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Margaux Baralon , modifié à
MY GOVERNMENT IS PRO-BUSINESS - Le Premier ministre compte réaffirmer la proximité de la gauche avec le monde de l'entreprise et vendre les start-up françaises.

Jamais un chef de gouvernement socialiste en exercice n'y avait mis les pieds. Manuel Valls est attendu mercredi au forum économique de Davos, en Suisse. Le locataire de Matignon sera accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

Le "club des riches". Le déplacement n'est pas anodin. L'événement abrité dans la très chic station de ski de Davos, qui rassemble économistes, chercheurs, politiques, patrons, intellectuels mais aussi stars internationales, est connu pour être la vitrine du capitalisme mondial. Surnommé le "club des riches", le forum s'accompagne tous les ans d'une valse de jets privés et d'embouteillages de limousines. La venue d'un socialiste a donc de quoi étonner.

"Pas de problème entre la gauche et l'économie". Interviewé mardi par la chaîne de télévision suisse RTS, Manuel Valls a anticipé les critiques. Davos "est un endroit où il faut être", a t-il assuré. Selon le chef du gouvernement, la méfiance qui a pu exister entre la gauche française et l'économie à Davos "est finie depuis longtemps". "Il n'y a pas de problème entre la gauche et l'économie et l'entreprise. Ce sont des débats anciens, dépassés."

" Davos est un endroit où il faut être "

Un gouvernement "pro-business". Manuel Valls a beaucoup œuvré lui-même à ce dépassement. La rentrée de septembre 2014 a ainsi été marquée par ses déclarations d'amour aux entreprises dans toutes les langues, lorsque le Premier ministre s'était mis en tête de convaincre le patronat français et les autres pays européens que son gouvernement était bien "pro-business". En se rendant à Davos, Manuel Valls réaffirme donc l'inflexion sociale-libérale du quinquennat dont il a été l'un des principaux artisans.

Vendre les start-up. "Davos est un rendez-vous pour parler d'économie avec les chefs d'Etat, les chefs de gouvernement présents, les chefs d'entreprises qui viennent du monde entier", a également rappelé Manuel Valls. Alors que le thème, cette année, sera celui de la quatrième révolution industrielle, le chef du gouvernement compte profiter du forum pour vendre son pays et ses points forts, notamment ses start-up. Exactement ce qu'Emmanuel Macron s'emploie à faire, depuis deux ans, au salon des nouvelles technologies (CES) de Las Vegas du mois de janvier.

S'intéresser aux "problèmes du monde". En outre, le forum de Davos est loin de se cantonner aux seuls sujets économiques. "C'est aussi un carrefour essentiel de réflexion sur les grands problèmes du monde aujourd'hui, de l'environnement au risque terroriste en passant par la crise des réfugiés", a rappelé Manuel Valls à la RTS. Pour preuve, en 2013, l'événement avait beaucoup traité de la crise en Syrie et de la sécurité au Moyen-Orient et en Afrique. L'an dernier, lorsque François Hollande s'y était rendu –devenant le premier président de la République socialiste à y participer-, le chef de l'Etat avait orienté son discours sur l'antiterrorisme et le climat.

Géopolitique et innovation. Cette année ne déroge pas à la règle. Géopolitique et innovation auront toute leur place dans les débats, avec des discussions autour de la robotique, des libertés publiques et du cybercrime, mais aussi de l'Europe. Raison pour laquelle Davos accueille par exemple Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, loin d'être un libéral convaincu.

Réconcilier la France avec Davos. Enfin, la présence de Manuel Valls participe de la réconciliation de la France avec le forum de Davos. Car l'écrasante majorité des responsables français, de droite comme de gauche, ont boudé l'événement depuis sa création, en 1974. Après une intervention de Jacques Chirac par vidéo-conférence en 2005, François Fillon s'y était rendu en 2008. Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy avait été le premier président en exercice à mettre les pieds au forum. Tous, sans exception, avaient entrepris d'apporter une voix dissonante au milieu du concert libéral, parlant volontiers de l'aide aux pays en développement (Chirac) ou prônant un capitalisme assaini (Sarkozy).