Mercredi 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, cela n’a pas échappé aux candidats à la présidentielle en général et à Emmanuel Macron en particulier. Au côté de son épouse Brigitte, l’ancien ministre de l’Economie a assuré qu’il pourrait bien nommer une femme à Matignon. "C’est plutôt mon souhait", a juré le candidat d’En Marche ! depuis le Théâtre Antoine, à Paris. Mais il a rapidement tempéré cette déclaration. "Après, je ne vais pas choisir un Premier ministre parce que c'est une femme. Je choisirai le Premier ministre le plus compétent, le plus capable possible, avec le souhait et la volonté que ce soit aussi une femme", a précisé l’un des favoris de la présidentielle.
Emmanuel Macron a sans doute bien fait d’être prudent. Car il faut être honnête, pour l’heure, aucune femme potentiellement Première ministre ne semble se détacher autour de lui. Ses soutiens identifiés sont majoritairement masculins, tout comme ses prises de guerre les plus spectaculaires. Il n'y a donc pas de candidate qui se détache de manière évidente.
- Bricq et Lepage, les ex-ministres
Si l’on part du principe, pas du tout établi (Jean-Marc Ayrault est un contre-exemple récent), qu’il faut avoir une expérience ministérielle avant d’être nommé à Matignon, deux femmes répondent à ce critère. La première est Nicole Bricq, éphémère ministre de l’Ecologie en mai-juin 2012 puis ministre du Commerce extérieur jusqu’au 31 mars 2014. La sénatrice de Seine-et-Marne, évincée lors de la nomination de Manuel Valls comme Premier ministre, semble avoir de l’appétence pour Matignon. Sur le perron de l’Elysée, elle avait fait un bon mot en vantant les mérites de la maison Matignon en termes de gastronomie, comparé au déjeuner officiel avec le président chinois, au cours de laquelle le repas était, selon elle, "dégueulasse".
L’autre ex-ministre qui soutient Emmanuel Macron, c’est Corinne Lepage. La présidente de Cap21 a été titulaire du portefeuille de l’Environnement entre mai 1995 et 1997. Ça commence à dater, mais l’ancienne eurodéputée connaît tout de même les arcanes du pouvoir.
- Les surprises potentielles : Parisot, Royal, Lagarde
Avant de pouvoir être éventuellement nommée par Emmanuel Macron à Matignon, ces potentielles Premières ministres devront d’abord officialiser leur soutien au candidat d’En Marche ! Cela semble la moindre des choses. Mais tour à tour, Ségolène Royal, Christine Lagarde et Laurence Parisot ont dit tout le bien qu’elle pense de l’ancien ministre de l’Economie. Et elles pourraient avoir l’autorité, l’expérience et la stature pour le poste
L’actuelle ministre de l’Ecologie d’abord. Pendant la primaire du PS, elle s’est refusée à soutenir un candidat, préférant faire l’éloge... d’Emmanuel Macron qui, rappelons-le, ne participait pas. Au point que son soutien ne semblait être plus qu’une question de jours. Ségolène Royal est depuis rentrée dans le rang. D’abord parce que, selon Le Parisien, elle trouve que l’ex-ministre penche désormais trop à droite à son goût. Ensuite parce qu’elle a désormais des visées internationales. Elle lorgne ouvertement la présidence du Programme des nations unies pour le développement. Elle délaisserait donc la politique nationale. Et du coup ne semble plus vraiment éligible à Matignon.
Christine Lagarde ensuite. Soumise, en sa qualité de présidente du FMI, à un devoir de réserve, l’ancienne ministre de l’Economie avait tout de même soutenu, en septembre 2015, la loi Macron de libéralisation de l’économie. En la matière, les deux personnalités prônent une doctrine libérale. Mais cette hypothèse est décrédibilisée d’abord parce que Christine Lagarde est théoriquement présidente de l’instance financière jusqu’en 2021, ensuite parce que sa récente condamnation – sans sanction - par la Cour de Justice dans l’affaire de l’arbitrage Tapie la discréditerait forcément aux yeux des Français.
Laurence Parisot enfin. Elle non plus n’a pas officialisé son soutien à Emmanuel Macron, mais ses déclarations de décembre 2016 ne laissent guère de place aux doutes. "Il a une honnêteté intellectuelle, brise des tabous", disait l’ancienne présidente du Medef dans VSD. "Il prend des risques, sort des sentiers battus. Je salue son audace." N’en jetez plus ! En outre, elle confiait en avril 2015 qu’elle avait tenté d’embaucher celui qui était alors banquier d’affaires chez Rothschild et Cie avant 2012, mais il avait décliné. Ce pourrait être l’inverse cette fois. Sauf que l’ancienne patronne des patrons conserve de son ancien poste une image ultra-libérale dans l’opinion. La nommer à Matignon serait un choix vraiment très marqué en faveur de la libéralisation de l’économie. Peut-être trop.