Deux frontistes de l'ombre dans la tourmente. Mercredi, Thierry Légier et Catherine Griset ont été placés en garde à vue dans l'enquête sur les assistants parlementaires Front national soupçonnés d'emplois fictifs. Si le premier ne sera pas présenté à un juge dans l'immédiat, la seconde a été mise en examen pour "recel d'abus de confiance". L'un et l'autre sont des très proches de Marine Le Pen.
Catherine Griset, "l'inséparable copine" de Marine Le Pen. Catherine Griset est avant tout une "inséparable copine" de Marine Le Pen, comme la qualifient David Doucet et Mathieu Dejean dans leur enquête sur la jeunesse de la présidente du Front national (La Politique malgré elle, la jeunesse cachée de Marine Le Pen, aux éditions La Tengo). Avec un bureau attenant à celui de Marine Le Pen au siège du parti, à Nanterre, elle figure dans le premier cercle de la présidente frontiste en tant que chef de cabinet. "Tout le monde sait qu'elle est mon assistante personnelle. Je l'ai embauchée quand elle avait 25 ans !", expliquait Marine Le Pen début février.
Assistante de Marine Le Pen depuis 1993, candidate aux législatives dans les Hauts de Seine en 2007, elle fut la belle-sœur de la candidate à l'élection présidentielle quand celle-ci était mariée à Franck Iorio. Mais c'est pour un autre rôle qu'elle est inquiétée par la justice : entre décembre 2010 et février 2016, Catherine Griset a été salariée comme assistante "accréditée" de l’eurodéputée. Au lieu de travailler depuis Bruxelles, comme les autres assistants parlementaires, les enquêteurs n'ont pas trouvé d'éléments qui montrent qu'elle ait véritablement travaillé pour l'institution, et non pour le parti.
Thierry Légier, garde du corps à l'agenda XXL. Un grand gabarit connu dans le sillage de la famille Le Pen. D'abord garde du corps de Jean-Marie Le Pen à partir de 1992, Thierry Légier, 1m90, escorte sa fille Marine depuis qu'elle a pris les rênes du parti en 2011. À l'époque, l'ancien militaire et militant anticommuniste est conseiller régional en Haute-Normandie, depuis 2010. Dans Le Testament du diable, paru en 2010 aux éditions du Moment, le journaliste Azzedine Ahmed-Chaouch estime déjà que Jean-Marie Le Pen "sait faire preuve de malice pour alléger la masse salariale de son personnel".
Les enquêteurs s'intéressent surtout à ses contrats d'assistant parlementaire, à l'automne 2009 et fin 2011, période pendant laquelle il a toujours suivi tous les déplacements de Marine Le Pen. "Impossible matériellement" de considérer qu'il était assistant parlementaire en plus d'être conseiller régional et garde du corps, affirme l'office européen antifraude, selon un rapport dévoilé par Marianne et Mediapart. Marine Le Pen justifie quant à elle le contrat de Thierry Légier en 2011 en avançant une régularisation d'un précédent emploi. Selon l'Olaf, ce contrat de travail serait "apparemment faux" pour un "emploi fictif".