Rachida Dati 3:09
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Manon Fossat , modifié à
Eric Zemmour a déclenché mercredi une polémique en pointant des journalistes avec un fusil de précision lors d'une visite au salon Milipol. Un geste qui a suscité l'indignation d'une partie de la classe politique. Sur Europe Matin jeudi, la maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, est revenue sur ces images et s'est dite "choquée" par son attitude.

Le polémiste et candidat putatif pour 2022, Eric Zemmour, qui veut ôter les pouvoirs aux médias, a pris pour cible mercredi des journalistes avec un fusil de précision lors de sa visite du salon Milipol, consacré à la sécurité intérieure, à Villepinte en Seine-Saint-Denis. Invitée de Sonia Mabrouk dans Europe Matin jeudi, l’ancienne garde des Sceaux et maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, s'est dite "choquée" par cette image.

"On lui passe tout parce qu'il est cultivé"

"C'est un salon qui concerne la sécurité des Etats et notamment la lutte contre le terrorisme. C'est très sérieux, ce n'est pas le salon du jouet. J'ai été choquée par cette image, surtout quand on veut prétendre à devenir président de la République. Et j'ai aussi été choquée par les propos qu'Eric Zemmour a tenu à l'encontre de Marlène Schiappa. J'y vois de la misogynie et du sexisme. Et je n'accepte pas qu'elle soit insultée", a-t-elle tranché. Le polémiste a en effet traité la ministre déléguée à la Citoyenneté "d'imbécile". 

Pour l'ancienne ministre, les arguments utilisés à l'encontre du polémiste aujourd'hui sont les mêmes que ceux utilisés à l'époque contre Jean-Marie Le Pen. "On a vu le résultat. Il a accédé au deuxième tour en 2002", a-t-elle poursuivi. "Donc les questions que l'on doit se poser c'est : 'est-il capable de diriger la France, de rassembler les Français, a-t-il une équipe et une vision ?'. Actuellement, on lui passe tout parce qu'il est cultivé", a lâché Rachida Dati avant de préciser ne "tolérer la violence et les menaces de mort pour personne". 

"J'ai été sa première victime"

"Lorsqu'il y a de la violence et des menaces, nous ne sommes plus dans une démocratie et dans un Etat de droit. Alors par facilité, est-ce qu'on accepte que quelqu'un insulte une ministre de la République ? Et bien non", a insisté l'édile. Elle avait elle-même été la cible du polémiste concernant le prénom de sa fille Zohra, en 2009.

"J'ai été sa première victime. Le prénom de ma fille devenait une obsession pour lui. Il critiquait le fait qu'une ministre de la République donne un prénom 'arabe' à son enfant. Il disait même un prénom 'musulman', s'est-elle souvenue. "En l'occurrence c'était le prénom de ma mère, que j'avais perdu et que j'ai tellement aimé. C'est simplement la vie, et il avait trouvé ça indigne", a expliqué Rachida Dati. 

 

Concernant ses idées et son statut de potentiel candidat à l'élection présidentielle, elle a enfin jugé que la classe politique n'utilise pas les "bons arguments" contre lui, y compris à droite. "Il tétanise certains, mais moi il ne me tétanise pas. Ce n'est pas ma France. Si je suis là aujourd'hui c'est parce que la République m'a donné une chance inouïe. Et Eric Zemmour veut séparer la France et les Français. Donc je me demande si à un moment nous allons pouvoir répondre à ça ?", a interrogé Rachida Dati. "Moi je ne veux pas qu'on sépare les Français, je veux qu'on réprime ceux qui ne respectent pas l'autorité, la loi et l'Etat de droit. Pas ceux qui n'ont rien demandé que de travailler et de réussir."