Exit le nom "Front national", Marine Le Pen est désormais à la tête du Rassemblement national. Mais alors que se préparent les élections européennes, ce rassemblement semble bien difficile pour la présidente du parti. Le patron de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, son allié au second tour de l'élection présidentielle, lui a quasiment claqué la porte au nez, l'enjoignant même à clarifier son projet et à travailler.
"Ça n'a pas d'importance, je ne suis pas sensible à ce genre de choses. Moi, je me bats dans l'intérêt des Français", a balayé Marine Le Pen dans Le Grand Rendez-vous Europe 1/Cnews/Les Echos, dimanche matin.
Un rassemblement en opposition à celui opéré par Macron. Marine Le Pen en convient : "Oui, c'est vrai, c'est difficile de faire l'union, c'est long. Mais je ne désespère pas de le faire. Quoi qu'il arrive, nous aurons une liste de rassemblement aux élections européennes". Le cheffe de file du parti d'extrême-droite entend réunir ceux qui partagent une vision commune. "Je souhaite que tous ceux qui partagent notre souhait d'arrêter l'immigration, de maîtriser nos frontières, d'être à nouveau un pays souverain et indépendant, de rompre avec la mondialisation sauvage et l'ultra-libéralisme, puissent se retrouver sur une même liste. Car Emmanuel Macron fait le rassemblement, avec une partie des Républicains. Si nous ne faisons pas en face le rassemblement des nationaux, nous perdrons du temps. Et notre pays n'a plus de temps à perdre", a-t-elle défendu sur notre antenne.
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LR, "des gens qui pensent tout et le contraire de tout". Mais avec le "non" de Nicolas Dupont-Aignan, et les (très) rares prises à droite, force est de constater que le rassemblement voulu par la présidente du RN piétine. Mais elle fustige ceux qui tenteraient de la décrédibiliser trop vite. "Je discute avec beaucoup de gens. Des alliés, il y en aura. Je n'ai pas l'habitude de parler en l'air", a-t-elle soutenu. Pour l'heure, seul le député Les Républicains Thierry Mariani a laissé la porte ouverte aux discussions. Mais il y en aura d'autres, promet Marine Le Pen : "Oui, il y aura des gens qui viendront de LR". Et pour cause, "LR vit dans une ambiguïté totale depuis des années. Dans ce mouvement, qui n'est pas vraiment un mouvement politique mais une espèce de syndicat des avantages acquis, il y a des gens qui pensent tout et le contraire de tout", considère la dirigeante du Rassemblement national. "Il n'y a rien à voir entre un Peltier et une Calmels, entre un Juppé et un Ciotti. Ils ne pensent la même chose sur aucun sujet", poursuit-elle.
Dès lors, constatant "la recomposition de la vie politique" actuelle, Marine Le Pen imagine une droite scindée en deux. "Une partie est déjà allée chez Emmanuel Macron - d'autres iront - et une partie viendra avec nous, à l'évidence, pour mener le combat de la nation. Et nous les accueillerons fraternellement", promet l'ancienne frontiste.
"Bien fait pour Laurent Wauquiez". Pour illustrer cette scission idéologique à droite, Marine Le Pen ne s'est pas privée de citer l'interview de Virginie Calmels, numéro 2 des Républicains, dans Le Parisien dimanche. Cette dernière critique durement Laurent Wauquiez, président du parti, en lui reprochant de ne défendre que sa "propre ligne" et de ne pas être assez rassembleur. "Je vais être un peu cruelle : c'est bien fait pour Laurent Wauquiez", a lancé la présidente du Rassemblement national. "Mais pourquoi a-t-il pris Madame Calmels en numéro deux, alors qu'il sait pertinemment qu'elle est une juppéiste, qu'elle représente la gauche de LR, l'Europe fédérale, l'ouverture à l'immigration ? Pourquoi ? Deux solutions : soit il pense comme elle mais il ne le dit pas, soit il n'a pas assez de convictions fortes pour choisir autour de lui des gens qui vont impulser une fermeté", a-t-elle jugé.
Marine Le Pen ironise sur l'amitié entre Philippe de Villiers et Emmanuel Macron
Le rassemblement, Marine Le Pen n'ira pas non plus le chercher auprès de l'ancien eurodéputé souverainiste Philippe de Villiers, qui préfère désormais s'afficher aux côtés d'Emmanuel Macron, bien que les deux hommes ont des idées politiques opposées. La dirigeante d'extrême-droite l'assure : ce rapprochement ne lui fait ni chaud ni froid. "Pour être déçue, il faut avoir espéré", estime-t-elle, avant d'ironiser sur cette "amitié qui dépasse les clivages", parce qu'intéressée. "Moi, je ne peux pas faire grand-chose pour le Puy du Fou (dont Philippe de Villiers est le fondateur, ndlr), j'avoue".