"Il ne se passe pas un jour sans que nous soyons alertés par un acte antisémite, qu'il s'agisse d'une violence ou d'un tag." Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a réagi, vendredi, au micro de Raphaëlle Duchemin sur Europe 1, à la une tribune publiée vendredi matin sur Facebook par le Premier ministre Édouard Philippe, qui a regretté une augmentation de 69% des actes antisémites commis en France depuis le mois de janvier, selon les chiffres du service de protection de la communauté juive, synthétisés par le ministère de l'Intérieur.
Près de quatre cents actes antisémites (385) ont ainsi été commis depuis le début de l'année, dont les deux-tiers consistent en des insultes, des menaces et des tags sur les murs. Le tiers restant est constitué d'agressions physiques et de dégradations de biens. "Au-delà des actes les plus violents […], ces chiffres traduisent la permanence et le développement d'un antisémitisme au quotidien", poursuit le représentant du Crif.
Méthode de calcul. Après une année 2015 record, les actes antisémites avaient fortement baissé en 2016 (-58%), et en 2017 (-7%). La valeur statistique de ces données est toutefois régulièrement remise en cause dans la mesure où les actes répertoriés par le service de protection de la communauté juive ne correspondent pas nécessairement aux infractions telles qu'elles sont déterminées par le Code pénal. Pour rappel, la loi considère uniquement le caractère raciste ou discriminatoire d'une l'infraction lors d'un dépôt de plainte.
"Quelles que soient la qualité des chiffres et leur interprétation, il y a deux chiffres incontournables : les juifs de France représentent moins de 1% de la population du pays. Or, ils concentrent à eux seuls près de 50% des violences racistes qui se produisent dans notre pays", oppose Francis Kalifat, qui déplore également le manque de pertinence des plans successifs de lutte contre le racisme mis en place ces dernières années. "On ne peut pas traiter l'antisémitisme sans tenir compte de son caractère propre et des ressorts duquel il répond", conclut le président du Crif.