Au soir de la dixième journée de manifestation contre la réforme des retraites, Élisabeth Borne, déjà fragilisée politiquement, a invité les syndicats à venir à Matignon pour tenter de résoudre la crise des retraites. Cette réunion doit avoir lieu ce mercredi, mais si la cheffe du gouvernement est en première ligne, en privé, certaines langues se délient pour critiquer la locataire de Matignon, qui n'est pas jugée à la hauteur de la situation. En réalité, en coulisses, une bataille interne oppose les ministres.
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Il y a ceux qui, en l’absence d’une autre figure incontestable, soutiennent la cheffe du gouvernement, considérant qu’elle incarne le dépassement politique, et puis en face, ceux qui plaident pour une droitisation, et qui veulent la voir partir. "La gauchiste", c’est ainsi le surnom donné à Élisabeth Borne par un ministre de poids sur le ton de la blague.
"Les histoires d’équilibres budgétaires ne sont pas dans son ADN"
"La marche est trop haute, elle ne s’en sortira pas", prédit un poids lourd du gouvernement qui estime qu’Emmanuel Macron "va l’user jusqu’au bout avant de s’en débarrasser". Un autre ministre influent juge que le président de la République s’est trompé en confiant à Élisabeth Borne la mission de porter la réforme des retraites.
"Les histoires d’équilibres budgétaires ne sont pas dans son ADN", lâche-t-il, avant de regretter plus largement l’accumulation d’erreurs qui, selon lui, a conduit à cette impasse. "On a fait une mauvaise campagne présidentielle. Puis, une mauvaise campagne pour les législatives, et nous payons maintenant une désorganisation démocratique totale", conclut ce ministre de premier plan.