À l’approche de la grande journée de mobilisation contre le texte d'Elisabeth Borne, jeudi 19 janvier, c’est la question qui agite le débat sur les retraites : l’équilibre financier de notre système par répartition peut-il être garanti autrement que par le report de l’âge légal de 62 à 64 ans ? La réponse est oui, pour certains économistes, qui préconisent de répartir l’effort entre les retraités et les actifs. Problème, l’exécutif a fait du montant des pensions une ligne rouge. Hors de question, donc, de sous-indexer les retraites sur l’inflation, même en épargnant les plus modestes. Alors, augmenter la CSG sur les pensions ? Inimaginable : en 2018, Emmanuel Macron s’y était risqué avant de reculer face à la colère des aînés, qui ont largement contribué à le faire réélire en 2022.
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Seuls 10% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté
Pourtant, la question de la contribution mérite d’être posée car nos retraités, sont, dans une certaine mesure, privilégiés. Depuis 2000, ils ont un niveau de vie supérieur aux actifs, même si la différence s’est réduite depuis peu. Il s’agit d’une exception mondiale. Ou presque, puisque l’Italie partage cette "anomalie" avec la France. Par ailleurs, seuls 10% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté. Contre 15% de l'ensemble de la population. Ils sont souvent propriétaires et disposent d'une plus forte capacité d'épargne que les actifs.
"Ça a du sens de dire dans une réforme, on fait payer tout le monde. C'est vrai qu'aujourd'hui les retraités payent moins de CSG et de CRDS que les actifs. On n'a pas vraiment de raisons pour expliquer cela", fait observer Emmanuel Grimaud, président de Maximis Retraites. "Sur la retraite de base, on peut se demander pourquoi les retraités ne cotisent pas à l'assurance maladie alors qu'ils consomment plus de soins que le reste de la population", poursuit le spécialiste.
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Quelles économies ?
Selon une note très remarquée de Fipaddict - le pseudonyme d'un enseignant en économie et finances publiques qui veut garder l’anonymat – le simple fait de sous-indexer les pensions par rapport à l’inflation d’un point en 2023 et 2024 permettrait d’économiser près de 5 milliards d’euros. Soit 40% de la somme que le gouvernement juge nécessaire pour résorber le déficit des caisses de retraite à l’horizon 2027, c’est-à-dire 12 milliards d’euros.